Intervention de François de Rugy

Séance en hémicycle du 28 juin 2016 à 15h00
Égalité et citoyenneté

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrançois de Rugy :

Si le choc produit par le résultat du référendum britannique peut faire bouger le conservatisme actuel, il ne lèvera pas tous les blocages comme par miracle.

Les écologistes font partie de celles et de ceux qui font le choix de la poursuite de la construction européenne. Il faut être clair en la matière : les propos de celui qui s’est exprimé avant moi montrent que d’autres font un autre choix et qu’ils doivent l’assumer devant les Français.

Lorsque l’on fait le choix d’un avenir européen pour la France, la première résolution à prendre est sans aucun doute d’en finir avec les promesses non tenues. La promesse d’une Union qui nous protégerait des effets néfastes d’une mondialisation non maîtrisée, cette promesse, qui justifie l’existence même d’une Union européenne, n’a pas été tenue. La demande des citoyens européens et des Français en particulier est de voir les institutions européennes contribuer à régler concrètement des problèmes pour lesquels l’échelle européenne est pertinente.

Il y a bien sûr la nécessaire consolidation de l’union économique et de l’euro par le soutien à la reprise économique. N’oublions pas qu’il y a un an, ce n’est pas du brexit dont nous parlions mais du grexit. À l’époque, la question était la sortie de la Grèce de l’euro, posée, non pas par les Grecs eux-mêmes mais par d’autres États européens. Au prix d’un compromis très difficile et d’efforts très importants consentis par les Grecs, la Grèce est restée dans l’euro, ce qui est une bonne chose.

Nous proposons quatre autres chantiers pour redonner de la crédibilité à une Europe qui protège. Le premier doit être celui de la coopération dans la lutte contre le terrorisme. L’un des objectifs de la construction européenne est la paix. Aujourd’hui, la principale menace dont il faut se protéger, c’est le terrorisme.

Le deuxième chantier est celui de la gestion de la crise des migrants. On ne pourra pas continuer dans la voie de la libre circulation des personnes au sein de l’Union – progrès auquel les citoyens européens sont attachés – sans une gestion stricte des frontières extérieures de l’Europe. L’Union européenne doit en parallèle avoir une gestion commune de cette crise humanitaire pour ne pas laisser quelques pays faire face seuls à cet effort d’accueil et de solidarité.

Le troisième chantier devrait être celui de la convergence fiscale et sociale, avec deux objectifs concrets. Concentrons nos efforts en matière fiscale sur la convergence progressive des taux d’impôt sur les sociétés au sein de la zone euro : c’est possible et souhaitable pour éviter le dumping fiscal. En matière sociale, réformons rapidement le système des travailleurs détachés.

Quatrième chantier enfin, nous plaidons pour une union européenne de l’énergie et du climat. S’il y a bien un sujet pour lequel le niveau européen se justifie, c’est bien celui de la lutte contre le dérèglement climatique. Or, dans ce domaine, l’Europe a reculé ces dernières années. Dans la mesure où l’objectif de développement des énergies renouvelables est partagé, il est possible de prendre des engagements communs. Il faut s’engager maintenant, ensemble, à fermer les vieilles centrales, qu’elles soient nucléaires ou à charbon.

Si nous ne voulons pas alimenter la régression nationaliste, il faut reconstruire une crédibilité européenne fondée sur le progrès, sur le plan à la fois économique, écologique et social.

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