Intervention de Nicolas le Roux

Réunion du 25 mai 2016 à 10h30
Commission spéciale chargée d'examiner le projet de loi Égalité et citoyenneté

Nicolas le Roux, directeur du réseau SIMPLONCO :

Merci de nous recevoir : cette invitation participe pleinement de la société collaborative que nous appelons tous de nos voeux.

Créé il y a trois ans, SIMPLON.CO est plus jeune et moins connu que la plupart des réseaux représentés ici. Il s'agit d'une structure un peu hybride, puisqu'elle associe une entreprise de l'économie sociale et solidaire et une fondation.

L'objectif principal de SIMPLON.CO est de former aux métiers techniques du numérique – qui sont actuellement en tension – des profils atypiques mais à haut potentiel, qui sont pour nous des profils sous-représentés dans le monde du numérique : bénéficiaires des minima sociaux, femmes et jeunes filles, habitants des quartiers populaires, chômeurs de longue durée, réfugiés statutaires, demandeurs d'asile. Nous proposons des formations courtes, de six mois environ, et innovantes.

En un peu moins de trois ans, SIMPLON.CO a formé environ 600 personnes sur une vingtaine de sites en France, à la fois en milieu urbain et en milieu rural – de Mende en Lozère ou Cheylard en Ardèche jusqu'à Roubaix, en passant par les quartiers nord de Marseille. Parallèlement, nous avons accueilli 10 000 enfants en France, et 90 000 en Afrique, dans le cadre de nos ateliers de sensibilisation.

Nos résultats sont probants : plus de 78 % de sorties positives. Nous respectons pleinement nos objectifs en matière de publics prioritaires, puisque près de 60 % des personnes formées n'ont pas le baccalauréat ou ont seulement le BAC, et 80 % sont demandeurs d'emploi.

Par ailleurs, dans le cadre du programme d'investissement d'avenir (PIA), SIMPLON.CO mène un projet intitulé CAPPRIO (Capacitation dans les quartiers prioritaires), qui vise en trois ans à former ou à sensibiliser au numérique 20 000 jeunes de seize à vingt-cinq ans, en utilisant les réseaux d'éducation populaire. Nous organisons ainsi des formations pour nos amis d'Unis-Cité et de l'AFEV, notamment, afin que leurs animateurs bénévoles puissent faire de la médiation numérique.

Je vais maintenant « hacker » le projet de loi, en m'appuyant sur deux articles.

L'article 18 concerne la Grande école du numérique, dans laquelle SIMPLON.CO a vu 36 de ses formations labellisées. Nous souhaitons que la rémunération des apprenants, sujet important, soit abordée. Nous souhaitons également que la Grande école du numérique devienne organisme certificateur des formations, pour le compte de la Commission nationale de la certification professionnelle (CNCP). En effet, nos formations à des métiers nouveaux s'appuient sur des référentiels pédagogiques nouveaux, mais qui s'inscrivent dans un schéma de la formation professionnelle très ancien où l'inscription au Registre national de la certification professionnelle (RNCP) nécessite, pour les structures, d'avoir trois ans d'existence.

L'article 35 concerne l'apprentissage du français. Les migrants, les primo-arrivants, les réfugiés, les demandeurs d'asile, font partie des publics prioritaires de SIMPLON.CO. Nous avons actuellement à Montreuil une promotion composée à 100 % de réfugiés statutaires, composée de Syriens, de Soudanais, d'Éthiopiens, de Centrafricains. Pour nous, deux sujets doivent être abordés par le législateur. Le premier est l'accès à la formation professionnelle pour les demandeurs d'asile. En effet, la législation et la réglementation françaises restreignent cet accès, alors que la directive « accueil » prévoit que l'accès des demandeurs d'asile à la formation professionnelle doit être effectif, qu'ils aient ou non accès au marché du travail. Il faut donc élargir les critères et s'en tenir à la lecture de la directive « accueil », puisque la formation professionnelle fait partie des outils pertinents des structures comme la nôtre pour permettre la bonne intégration des demandeurs d'asile dans notre pays. Le deuxième sujet important pour nous est l'accès au marché du travail pour les demandeurs d'asile. En effet, l'accumulation des conditions – autorisations préalables, opposabilité de la situation de l'emploi, difficultés linguistiques, discriminations à l'embauche, restriction sur les professions réglementées, etc. – rend difficilement applicable un droit effectif à l'accès au marché du travail pour les demandeurs d'asile.

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