Intervention de Jean Lassalle

Séance en hémicycle du 26 mai 2016 à 9h30
Encadrement des rémunérations dans les entreprises — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean Lassalle :

Monsieur le président, monsieur le ministre, madame la présidente de la commission, monsieur le rapporteur, mes chers collègues, permettez-moi d’abord de remercier le groupe de la Gauche démocrate et républicaine d’avoir inscrit ce sujet à l’ordre du jour. Il me semble en effet que nous sommes les mieux placés pour en débattre, nous qui représentons l’ensemble de notre nation et du peuple qui nous a élus.

Je ne me hasarderai pas à formuler la moindre critique, monsieur le ministre, tant je suis persuadé que nous sommes tous coupables. Toute notre génération est coupable de ne pas avoir vu se produire ce changement de monde, ou plus exactement de ne pas avoir compris le basculement du monde qui nous était imposé.

Certains individus en viennent à ne plus avoir aucune considération pour ce qu’ils font ni aucune dignité. Accepter de tels excès pour soi-même dit assez le manque de considération que l’on porte à la vie en général et à l’Homme en particulier. Je ne les blâme pas, je les plains car ils se sont coupés du bien commun, et nous les avons laissés faire.

Dès lors que 50 % du capital des entreprises du CAC 40 sont détenus par des fonds de pension américains, qataris ou autres, on est bien obligé, si on veut que le système tienne en place, de verser de très larges rétributions aux actionnaires et, pour obtenir le silence, de donner dans la démesure de salaires exorbitants à des directeurs qui malheureusement acceptent car ils sont résignés à ne plus croire en rien.

C’est autant d’argent qui ne rentre pas dans les caisses de l’État, monsieur le ministre, au moment où vous avez tant de difficultés à assumer une politique difficile, qui n’est certainement pas celle qu’il faudrait, mais au moins avez-vous le courage de la proposer.

Et que dire de l’amalgame que cette situation produit dans tous les esprits, dans un pays qui compte quasiment dix millions de chômeurs ? Comment expliquer de telles différences, qui alimentent l’antienne du « tous pourris » à laquelle le député n’échappe pas ? Je gagne 5 300 euros par mois, comme toutes et tous ici. Je coûte donc environ 60 000 euros par an à la nation, et j’administre depuis quarante ans, dont trente à titre bénévole, la commune de Lourdios-Ichère qu’on s’apprête par ailleurs à faire disparaître parce qu’elle coûte trop cher au contribuable ! Qu’on m’explique où est le bon sens dans cette affaire !

Je crois que nous vivons là un moment symbolique, même si je ne me fais pas d’illusion sur sa portée, mais tous les républicains de ce pays doivent avoir cette prise de conscience. Il n’est pas possible d’entreprendre, de rénover ni de créer de nouvelles richesses dans ce pays tant que nous continuerons à fermer les yeux et laisser proliférer de telles attitudes.

J’aurai un dernier mot, qui ne sera pas très populaire et ne m’ouvrira certainement pas les plateaux de télévision, afin de rendre hommage à l’action de la CGT. Il faut beaucoup de courage pour réveiller un pays si profondément endormi et plongé dans un tel cauchemar.

Je serais heureux, mesdames et messieurs, que nous votions ce texte tous ensemble afin d’envoyer un premier signal de l’ampleur du travail qui nous attend pour remplir la mission qui nous est confiée par le peuple !

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