Intervention de Pierre Lellouche

Réunion du 22 mars 2016 à 16h30
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPierre Lellouche :

J'ai lu une dépêche mentionnant l'arrestation, au Maroc, de membres d'une cellule terroriste liée à Daech et présentée comme ayant des capacités non seulement chimiques mais aussi radiologiques. Pouvez-vous nous en dire plus à ce sujet ?

Le tableau lucide et sans complaisance que vous avez brossé est extrêmement préoccupant. J'en retiens d'abord que Daech utilise des armes chimiques, ce qui signifie qu'à terme on retrouvera ces armes chimiques ailleurs. J'observe aussi que Daech conserve au Levant une résilience considérable ; qui pourra réoccuper le terrain entre la Syrie et l'Irak ?

Je m'interroge d'autre part sur le devenir du dispositif Barkhane. Vous nous dites, comme d'autres responsables militaires avant vous, qu'il a permis une victoire militaire. Certes, mais du coup de pied donné dans la fourmilière au Nord du Mali est résultée une fragmentation, les groupes terroristes essaimant dans la presque totalité des pays amis de la France de la région sahélienne – et le phénomène s'élargit maintenant au Sénégal, à la Côte d'Ivoire et à d'autres pays. Ce dispositif répond-il à l'évolution de la menace ? Ne perd-on pas du temps et de l'argent à le maintenir dans sa configuration actuelle, au risque qu'il serve de pôle d'attraction pour les frappes anti-françaises ou contre les alliés de la France ? Il faut être capable de repenser un dispositif.

Je note aussi que la France s'est exclue elle-même du processus diplomatique, ce que l'opposition dit depuis longtemps. Je constate enfin que le problème des migrants en provenance de la Libye n'a pas trouvé l'ombre d'un début de solution et que nul ne sait ce que l'on fera des 500 000 personnes qui attendent de traverser la Méditerranée en provenance des côtes tenues par Daech ; on ne sait pas davantage comment appliquer l'accord avec la Turquie, mais c'est un autre sujet. La situation générale que vous avez décrite est donc très inquiétante, puisque pour aucun des graves développements dont vous avez fait état il ne semble y avoir de réponse diplomatique ou militaire convaincante.

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