Intervention de élisabeth Borne

Réunion du 6 avril 2016 à 9h00
Commission du développement durable et de l'aménagement du territoire

élisabeth Borne, présidente-directrice générale de la RATP :

J'en profite pour dire que la RATP est très solidaire de la SNCF, et qu'elle doit veiller comme elle, parallèlement à sa politique d'investissements, au maintien des compétences professionnelles, en particulier de certaines compétences « critiques » : je pense à des métiers très particuliers, comme ceux de la signalisation, pour lesquels il nous appartient de préparer l'avenir en formant à l'excellence les générations de demain.

À monsieur Laurent Furst, je répondrai que les bénéfices d'une entreprise sous contrat de délégation de service public s'apprécient, sous réserve des stipulations que celui-ci contient, au regard de l'évolution des coûts voyageurs-kilomètres, et que la Régie a beaucoup progressé dans ce domaine. Il n'existe cependant pas de bases de données internationales, et j'imagine que les divers opérateurs ne seraient pas très enclins à divulguer leurs coûts respectifs : il faut conserver à l'esprit que beaucoup des grands réseaux du monde sont en régie.

S'agissant de l'open data, nous allons appliquer les dispositions de la loi Macron. Nous transmettons d'ores et déjà les informations à notre autorité organisatrice, qui mettra à la disposition du public, en open data, les données relatives aux voyageurs. Je partage toutefois une réserve avec les entreprises du secteur sur la disposition du projet de loi pour une République numérique, en cours d'examen, qui prévoit que toutes les données devront être accessibles en open data : les savoir-faire, les codes sources, les données… Je m'associe pleinement à la tribune de l'Union des transports publics et ferroviaires (UTP) : permettre à tout un chacun de savoir où se trouvent les bouches d'aération et comment fonctionnent nos ventilateurs poserait de sérieux problèmes de sécurité. Par ailleurs, ce n'est pas parce que nous avons répondu à un appel d'offres de service public que nous souhaitons livrer nos savoir-faire, héritages de plusieurs décennies, à nos concurrents étrangers qui ne feront pas la même chose.

Nous devrons par ailleurs mener en interne avec nos salariés un travail de préparation des réponses que la Régie apportera aux appels d'offres pour les nouvelles lignes du Grand Paris Express. Avec RATP Dev, la Régie dispose d'une filiale habituée à la concurrence, et les salariés de l'EPIC ne comprendraient pas que nous ne participions pas, mais nous devons réfléchir aux évolutions nécessaires de nos systèmes d'organisation, afin d'être à même de remporter des marchés en y associant nos personnels.

S'agissant du plan « Bus 2025 », des industriels français seront en mesure de répondre à l'ambition de porter à 85 % la proportion de nos bus roulant à l'électricité, qui anime la RATP et son autorité organisatrice. La première ligne en cours de mise en service utilise des bus Bolloré ; de son côté, Heuliez, l'un de nos fournisseurs historiques, travaille à la production d'un véhicule 100 % électrique.

Je partage l'analyse de Luc Chatel sur les perspectives internationales : le champ du développement du transport public est infini, et le besoin est partout. Il s'agira pour nous d'éviter la dispersion ; nous sommes aujourd'hui présents dans quatorze pays étrangers, et notre stratégie consiste à progresser là où nous sommes déjà établis, pas à monter à l'assaut tous azimuts. Le nombre d'appels d'offres auxquels nous répondrons sera limité par nos ressources financières car, ainsi que je l'ai indiqué, 100 % de nos bénéfices sont réinvestis en Île-de-France, ce qui signifie que nous ne disposons que de faibles ressources pour soutenir notre filiale à l'international. Une autre limite est celle que constituent nos ressources humaines, car répondre à des appels d'offres portant sur des moyens de transport à haute technologie suppose de disposer d'équipes compétentes, et une longue préparation.

Se placer en tête de l'innovation est à la fois l'ADN et la fierté de la RATP, qui a su réaliser le premier métro sur pneus, la première ligne automatique à grande capacité, la première automatisation d'une ligne centenaire, le premier passe sans contact. Nous poursuivons par ailleurs de nombreux programmes de recherche et d'innovation, et je souhaite que nous nous renforcions dans ce domaine, en partenariat avec tous ceux qui travaillent sur ces questions au plan académique, mais aussi avec le monde des start-up dont la culture est très complémentaire de celle de la RATP. Cet axe est fondamental à mes yeux, car l'entreprise doit rester innovante et agile afin de demeurer à la pointe de son secteur.

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