Intervention de Gilles le Borgne

Réunion du 29 mars 2016 à 16h00
Mission d'information sur l'offre automobile française dans une approche industrielle, énergétique et fiscale

Gilles le Borgne, directeur de la recherche et du développement, membre du comité exécutif de PSA Peugeot Citroën :

Les fonctionnalités que je viens de décrire sont amenées à se développer dans les mois et les années qui viennent. Nous avons prévu à l'horizon 2020 d'introduire le niveau 2, puis le niveau 3, avec le système traffic jam chauffeur, qui permettra à l'utilisateur de laisser la voiture se conduire toute seule sur le périphérique.

Pour cela, encore faut-il que la législation évolue, car nous sommes aujourd'hui limités au niveau 2 – hands off – à basse vitesse. La convention de Vienne, à laquelle se réfèrent les codes de la route de tous les pays, exige en effet que le conducteur tienne le volant. Évidemment, en l'état actuel de la législation, il n'est pas conseillé de croiser les gendarmes en mode hands off : il y a toutes les chances pour que cela vaille une amende au conducteur concerné. Le Comité technique automobile, que je préside, adresse régulièrement des position papers aux administrations dans le but de faire évoluer la réglementation, à commencer par la convention de Vienne.

Le crédit d'impôt recherche représente 113 millions d'euros pour PSA. Il s'agit d'une somme importante, correspondant à celle engagée par notre direction de la recherche et de l'ingénierie avancée (DRIA) pour l'advanced engineering, c'est-à-dire l'ensemble des travaux amont, présentant des maturités inférieures à 6 sur notre échelle de classement et sur lesquels on ne peut donc s'engager, leur viabilité n'étant pas démontrée.

Le véhicule 2 litres100 km n'est pas vraiment un véhicule, mais plutôt un cadre général constituant l'une des actions du plan de la Nouvelle France industrielle, et ayant pour objectif de développer des briques technologiques. Même si Renault et PSA sont très actifs sur ce projet, ils restent concurrents, comme le sont entre eux Michelin, Valeo et Plastic Omnium : nous avons tous pour objectif de développer des produits susceptibles d'intéresser des clients, y compris à l'étranger. Le cadre du véhicule 2 litres100 km comporte quatre axes : l'hybridation – avec l'objectif de parvenir à une émission moyenne d'environ 50 grammes de CO2 par kilomètre ; le rendement, que nous cherchons à améliorer en allégeant les masses en mouvement dans le moteur, en réduisant les frottements et en travaillant sur la thermodynamique ; la consommation, abordée dans le cadre d'une approche holistique – nous traitons l'ensemble de la voiture, qu'il s'agisse de sa masse, de ses moteurs, de sa consommation électrique, ou du contact des pneumatiques avec la route, aidés en cela par notre champion national, Michelin ; enfin, la connexion, car si vous êtes bloqué dans un embouteillage, il est intéressant que la voiture puisse vous indiquer un chemin plus fluide afin que vous consommiez moins.

Depuis le lancement de ce cadre en septembre 2013, quarante projets sont en cours, ce qui représente 458 millions d'euros de R&D et environ 150 millions d'euros d'aides publiques – sous forme d'aides directes ou d'avances remboursables. PSA et Faurecia n'étaient jusqu'à présent pas éligibles aux aides publiques, se trouvant placées sous le statut de l'entreprise en difficulté, mais cela vient de changer et, fin 2016, nous aurons 90 projets en cours pour 690 à 850 millions d'euros et des aides de l'ordre de 250 millions d'euros – je précise que plus de soixante PME sont associées à ces projets. J'insiste sur le fait que le véhicule 2 litres100 km est un cadre dans lequel le Comité technique automobile que j'ai l'honneur de présider donne des axes de travail : il définit en quelque sorte un champ magnétique général au sein duquel s'alignent dix pôles – les laboratoires, les pôles de compétitivité, ou encore l'Association régionale de l'industrie automobile (ARIA).

Pour ce qui est du projet Hybrid Air, nous sommes en stand-by. Nous avons atteint le niveau de maturité TRL6, ce qui signifie que nous sommes prêts à nous lancer dans le développement, mais nous n'avons pas réuni les conditions technico-économiques qui nous permettraient de le faire. Un coup décisif, si ce n'est fatal, a été porté à ce projet quand les autorités chinoises ont confirmé que les aides associées à la réglementation new energy vehicle (NEV) seraient réservées aux plug-in hybrids (PHEV) et aux véhicules électriques (BEV). Il nous a semblé extrêmement difficile de nous lancer dans le développement d'un projet pour lequel nous ne recevrions aucune aide, c'est pourquoi nous y avons renoncé en 2013, à une époque où nous ne disposions pas de capacités de financement.

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