Intervention de Patrice Chassard

Réunion du 23 mars 2016 à 11h00
Commission des affaires économiques

Patrice Chassard, vice-président du Conseil national des appellations d'origine laitières, CNAOL :

Producteur de Saint-Nectaire fermier, je représente le Conseil national des appellations d'origine laitières (CNAOL) qui regroupe les 50 appellations d'origine laitières françaises.

Les indications géographiques (IG) représentent un chiffre d'affaires de 54 milliards d'euros en Europe dont 21 milliards d'euros pour la France et 88 % pour les produits viticoles : c'est l'équivalent de 240 Airbus A320 et cela concerne en France 126 000 exploitations agricoles pour la seule filière laitière.

Le tonnage de fromages AOP atteint 193 000 tonnes, pour un chiffre d'affaires de 1,6 milliard d'euros. Cette activité est très créatrice d'emplois puisque l'on comptabilise 58 000 emplois directs. Soit un ratio de 2,8 emplois pour 100 000 litres de lait, pratiquement trois fois plus que celui de l'ensemble de la filière laitière conventionnelle : un emploi pour 100 000 litres de lait.

J'ajoute que cette économie n'est pas délocalisable, contrairement aux marques. Sans oublier que plus de la moitié de la surface agricole utile (SAU) des zones d'appellations laitières est située en zone défavorisée – montagne, piémont, etc.

Les indications géographiques reposent sur des cahiers des charges qui permettent la reconnaissance des savoir-faire locaux. De ce fait, elles participent au patrimoine gastronomique, mais également à la valorisation de la biodiversité ordinaire en préservant des espèces, des races adaptées au terroir, y compris au niveau microbien, par l'utilisation du lait cru. Ce qui n'est pas sans poser problème : s'il est désormais possible d'exporter le lait cru, des barrières sanitaires ont été multipliées, qui interdisent en pratique presque toute exportation ; certains produits, heureusement, y parviennent. Enfin, les IG constituent un atout environnemental : grâce aux prairies permanentes, on parvient à stocker chaque année quelque 500 kg de carbone par hectare, ce qui permet de dégager un bilan carbone positif ; or cette partie n'est souvent pas intégrée dans le bilan carbone de l'agriculture, alors que c'est précisément elle qui le rend positif.

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