Intervention de Denis Baupin

Réunion du 23 mars 2016 à 9h00
Commission du développement durable et de l'aménagement du territoire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaDenis Baupin :

Au vu de votre parcours, Monsieur le directeur général, personne ne s'interrogera sur le point de savoir si vous disposez des compétences nécessaires pour exercer les fonctions auxquelles vous aspirez.

Ainsi que Jean-Marie Sermier l'a relevé, la prolongation de la durée de vie des réacteurs inquiète en France et à l'étranger. M. Pierre-Franck Chevet, président de l'ASN, a déclaré que le contexte en matière de sûreté nucléaire et de radioprotection était préoccupant. Partagez-vous cette appréciation ? J'imagine que tel est le cas dans vos fonctions actuelles, mais qu'en est-il au titre de vos futures fonctions ? Comment l'IRSN peut-il contribuer à améliorer cette situation ?

Comment comptez-vous poursuive et développer la politique d'ouverture de l'IRSN sur la société ? Elle est, selon moi, extrêmement importante, car elle permet l'échange et la prise en compte de l'expertise citoyenne, qui a été progressivement reconnue dans notre pays. Les CLI, que vous avez mentionnées, sont un dispositif propre à la France, presque unique au monde, qui joue un rôle essentiel en matière de sûreté. À quelques semaines du trentième anniversaire de l'accident de Tchernobyl, je rappelle à quel point cet événement a été clivant dans l'histoire du nucléaire français, notamment en ce qui concerne la transparence et la confiance que nos concitoyens peuvent avoir dans la parole des experts.

L'IRSN et l'ASN ont exprimé, à quelques jours d'intervalle, des positions significativement divergentes en ce qui concerne un éventuel seuil de libération pour les déchets à très faible activité. Votre prédécesseur estime qu'il faudrait dépasser cette question. L'ASN, au contraire, avance que le recyclage de ces déchets coûterait plus cher que le maintien de la doctrine actuelle. Ce sont deux logiques opposées. Venant de l'ASN et passant à l'IRSN, qu'en pensez-vous ? Comment peut-on avancer sur cette question ? Il ne s'agit pas d'avoir une position dogmatique.

À plusieurs reprises, y compris récemment dans une interview donnée au quotidien Les Échos, votre prédécesseur a estimé que la course à l'augmentation de la taille des réacteurs était une impasse pour la filière nucléaire et a plaidé plutôt pour des réacteurs de petite taille. L'IRSN a démontré que, dans les réacteurs dont la puissance est supérieure à 600 mégawatts – je rappelle que tous les réacteurs français sont d'une puissance supérieure à 900 mégawatts –, si le coeur du réacteur entrait en fusion, on n'était pas sûr de pouvoir le maintenir à l'intérieur de la cuve. Hier, devant la commission des affaires économiques, le ministre de l'économie a évoqué un nouveau modèle d'EPR de 1 800 mégawatts, soit une puissance encore supérieure à celle de l'EPR en construction à Flamanville et en projet ailleurs. Cette nouvelle augmentation de la puissance des réacteurs nous expose à des risques nécessairement plus importants. Quelle est votre analyse sur ce point ?

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