Intervention de Bernard Cazeneuve

Séance en hémicycle du 2 mars 2016 à 21h30
Lutte contre le crime organisé le terrorisme et leur financement — Après l'article 21

Bernard Cazeneuve, ministre de l’intérieur :

Tous les arguments qui viennent d’être développés par le rapporteur sont justes. J’en ajouterai deux. Votre objectif, que nous partageons évidemment, est de faire en sorte que, dans un certain nombre de surfaces où peuvent se trouver rassemblées des personnes, on évite des tueries de masse. Cela suppose que l’on aille plus loin dans le raisonnement. D’abord, ceux qui protègent ces lieux sont des agents de sécurité privés, qui ne sont pas armés. Si des tueurs de masse arrivent, ils se trouveront face à des personnes surveillant les lieux mais n’ayant aucun moyen de faire face à ces individus lourdement armés. Ne rajouterait-on pas, en adoptant votre amendement, des cibles devant des bâtiments, face à des terroristes lourdement armés, qui parviennent déjà, en présence de forces de l’ordre qui portent également des armes, à commettre des crimes épouvantables ? C’est une question que je livre à votre réflexion.

Par ailleurs, le fait de placer des personnes devant des bâtiments est-il plus ou moins efficace que des préconisations susceptibles d’être arrêtées en liaison avec les propriétaires, lorsqu’il s’agit de lieux culturels ou commerciaux ? Les dispositions ainsi adoptées pour protéger les bâtiments peuvent se révéler plus efficaces que la mise en place de dispositifs humains.

Les préoccupations que vous avez à l’esprit en présentant cet amendement sont exactement celles que nous avons au ministère de l’intérieur. C’est la raison pour laquelle nous diligentons des audits et adressons des recommandations aux responsables de ces bâtiments afin qu’ils prennent des dispositions. C’est également la raison pour laquelle nous souhaitons adapter en permanence les dispositifs de protection aux informations dont nous disposons sur la nature de la menace. C’est enfin la raison pour laquelle je ne souhaite pas inscrire dans la loi des dispositions à caractère réglementaire, car l’efficacité du dispositif de protection dépend de son adaptabilité ; or, on ne saurait adapter en permanence ce dispositif devant le législateur. Je préfère donc garder la main sur ce sujet, en rappelant que la préoccupation à laquelle entend répondre votre amendement est celle du Gouvernement, et que nous la traitons dans l’esprit que je viens de vous indiquer.

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