Intervention de Stéphane le Foll

Réunion du 16 février 2016 à 21h30
Commission des affaires économiques

Stéphane le Foll, ministre de l'agriculture, de l'agroalimentaire et de la forêt, porte-parole du Gouvernement :

Comme on le voit, les très grands systèmes d'exploitation ne sont pas forcément les plus compétitifs. De mon point de vue, la France possède des atouts qui lui sont propres. Quelqu'un a dit que nous étions les seuls en Europe à imposer une taxe foncière sur les propriétés non bâties. Mais voyez combien coûte le foncier aux Pays-Bas, en Allemagne, au Danemark ou en Irlande : trois à quatre fois plus cher qu'en France, où le prix constitue déjà un problème pour les agriculteurs français qui souhaitent s'installer.

Par ailleurs, nous avons de la surface et la capacité de mettre en oeuvre des stratégies visant à atteindre l'autonomie fourragère. Dans ce domaine, les Pays-Bas, le Danemark et même l'Allemagne ont atteint les limites d'un mode de production hors-sol qui les fait dépendre presque intégralement de la production fourragère d'autres pays – aujourd'hui d'Amérique latine et demain, peut-être, d'Europe centrale. La France, elle, dispose d'un potentiel très élevé de production fourragère, ce qui doit nous inciter à mettre en place une stratégie basée sur les aides couplées ciblant la production de protéines fourragères. C'est là que les groupements d'intérêt économique et environnemental (GIEE), au coeur du projet agroécologique pour la France, prennent tout leur sens, en facilitant la mise en oeuvre de ces nouvelles pratiques que sont les rotations écologiques et le développement des cultures de protéines fourragères.

Nous devons utiliser ce qui constitue un véritable avantage comparatif, qui nous permettrait de devenir indépendants en matière de production fourragère et ainsi de ne plus subir les fluctuations du marché sur ce produit d'alimentation. Les calculs que j'ai fait faire sur la Bretagne montrent que, compte tenu de ses surfaces de culture et du nombre d'animaux qui y sont élevés, cette région ne parviendra pas à atteindre une complète autonomie fourragère. Si je pense que la Bretagne ne peut produire plus de 30 % de ses besoins en l'état actuel, j'estime qu'elle est cependant en mesure de doubler ses capacités en mettant en oeuvre une stratégie adaptée, c'est-à-dire en développant la production de protéines fourragères – en optant notamment pour le méteil – et en sachant s'organiser collectivement grâce aux GIEE. Bien entendu, le même raisonnement vaut pour toutes les régions et, à condition de savoir utiliser notre atout, nous serons en mesure de conserver un modèle composé d'exploitations dirigées par des agriculteurs, avec le moins de charges opérationnelles possible.

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