Intervention de Manuel Valls

Séance en hémicycle du 5 février 2016 à 15h00
Protection de la nation — Discussion générale

Manuel Valls, Premier ministre :

Même si je n’aime pas ce terme, avec cette rédaction personne ne peut se sentir stigmatisé. Aucun binational – d’ailleurs, l’un de vous l’a rappelé, la question de la binationalité est complexe puisque beaucoup de binationaux se la sont vu imposer. Je ne suis pas, pour ma part, binational, mais chacun de nous a ses origines. Elles font partie de chacun de nous et sont incontestablement une richesse pour le pays.

La rédaction que nous avons proposée est en mesure de rassembler parce qu’elle inscrit dans la Constitution l’idée même de déchéance, ce que nous assumons pleinement. Elle est une manière de conforter cette idée. Demain, nous pourrons procéder à un certain nombre de déchéances en respectant le principe d’égalité inscrit dans la Constitution.

C’est un débat noble, vous l’avez les uns et les autres démontré, et un débat utile pour le pays.

Le Président de la République, le 16 novembre, a annoncé des moyens supplémentaires, en plus des moyens qui avaient été engagés après les attentats du mois de janvier, pour les forces de l’ordre, la police, la gendarmerie et nos armées.

Je l’ai rappelé tout à l’heure, deux lois antiterroristes ont été votées depuis 2012 ainsi que deux lois sur le renseignement, et vous avez voté l’engagement de nos armées en Irak et en Syrie. Nous avons été à la pointe du combat contre le terrorisme en Afrique de l’Ouest et plus particulièrement au Mali.

Il y a d’abord, dans le discours du Président de la République, cet engagement fort, parce qu’on lutte contre le terrorisme avec le droit, avec la justice, mais aussi avec nos forces de sécurité et nos forces armées.

Mais l’intervention du Président de la République est un tout – je ne dirais pas un bloc – et il n’est pas souhaitable que chacun puisse y piocher ici ou là en fonction de son propre intérêt. Cette intervention avait sa cohérence et sa logique.

Jean-Jacques Urvoas l’a fort bien dit, l’état d’urgence et la déchéance vont bien au-delà du symbole. Nous vivons un moment particulier parce que nous sommes en guerre – c’est sur ce mot que Guillaume Larrivé a conclu son propos et le président Bruno Le Roux et François de Rugy l’ont également employé avec beaucoup de force. Et pour y faire face, nous devons nous armer. Nous le faisons en luttant, par le biais de nos forces de sécurité et de nos forces armées, mais également en utilisant la force du droit et de la Constitution.

La proposition que nous faisons vise simplement à rappeler ce que nous sommes, et non pas ce que sont les terroristes. Les terroristes, ce ne sont pas des binationaux, mais des terroristes qui ont déchiré le contrat passé avec la Nation, rompant ainsi avec ce que nous sommes.

Et c’est pour cela que les Français ont compris ce que nous sommes en train de faire et c’est pourquoi ils n’attendent pas de nous telle ou telle critique sur l’un ou l’autre ou une mise en cause du Président de la République, dont je souligne qu’il a été à la hauteur, et c’est son honneur.

D’ailleurs, à chaque fois, depuis 2012, que la Nation a été attaquée par des terroristes, le Président de la République, François Hollande, et plus récemment en janvier et en novembre derniers, a su être un homme d’État, capable de répondre aux événements et de réaliser l’union de la Nation. Chacun l’a reconnu.

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