Intervention de Emmanuel Macron

Séance en hémicycle du 13 janvier 2016 à 21h30
Débat sur la sidérurgie et la métallurgie françaises et européennes — Débat

Emmanuel Macron, ministre de l’économie, de l’industrie et du numérique :

Madame la présidente, mesdames et messieurs les députés, j’évoquerai quelques constats, convictions et actions en cours avant de répondre à une série de questions. Vous avez organisé un débat sur la sidérurgie et je vous en remercie, car il s’agit d’un sujet important, qui a d’ailleurs animé plusieurs discussions particulières que nous avons eues les uns avec les autres. La sidérurgie fait non seulement partie de notre histoire industrielle et du patrimoine industriel de plusieurs régions françaises, mais aussi, j’en suis pour ma part convaincu, de l’avenir industriel de notre pays. Je commencerai par retracer sa situation, dont vous venez de parler avec plusieurs experts et acteurs du secteur. Après avoir esquissé les contours de la réalité de la sidérurgie française, je tâcherai d’identifier les mesures d’urgence puis de réforme plus large qu’il convient de prendre pour ce secteur.

Regardée en face, la réalité de la sidérurgie française est celle d’un secteur en grande difficulté, pour trois raisons principales. Il connaît d’abord une lente érosion structurelle. En vingt ans, la France est passée du neuvième au quinzième rang mondial en matière de production d’acier. Elle ne compte plus que pour 1 % de la production mondiale, soit seize millions de tonnes d’acier brut en 2014. Ce recul va de pair avec la croissance d’autres géographies, en particulier la Chine. Cette érosion s’est accélérée avec la crise économique. Depuis dix ans, en particulier depuis l’acquisition du groupe Arcelor par le groupe Mittal, le secteur a connu un point d’inflexion encore accru par la crise économique, qui a amené de nombreuses fermetures de sites. Nous avons vécu depuis 2008 près de 3 500 suppressions d’emplois dans le secteur de la sidérurgie, et sommes actuellement confrontés à un nouveau ralentissement de la production.

Enfin, le secteur est frappé par un choc majeur dû aux surcapacités mondiales et en particulier chinoises, comme le montre la situation de Vallourec, entre autres. La concurrence internationale est en effet féroce. La Chine détient à elle seule 50 % de la capacité de production mondiale, et le gouvernement chinois mène une politique de subventionnement complètement assumée, en raison de laquelle nous sommes hors marché dans de nombreuses filières de production. Aujourd’hui plus encore qu’hier, la Chine inonde nos marchés de ses exportations qui font chuter les prix. La surproduction chinoise était jadis conservée en Chine ou précautionneusement distillée sur le marché mondial. La stratégie chinoise de développement du marché domestique, et plus encore les difficultés de l’été dernier, ont amené la Chine à inonder nos marchés de sa surproduction. Les prix se sont effondrés : celui des laminés à chaud a baissé de 25 % depuis l’été 2015.

Ainsi, la plupart des opérateurs du secteur de nos géographies sont sortis du marché en raison de ce véritable dumping pratiqué par les Chinois. Par ailleurs, la demande est faible, en raison du ralentissement des principaux secteurs qui utilisent ces capacités, au premier rang desquels les groupes énergéticiens et parapétroliers, et dans une moindre mesure l’automobile et la construction, qui bénéficient d’un retour d’activité après une forte baisse de la demande lors de la crise. Cela étant, même si les groupes de ces secteurs retrouvent une meilleure santé industrielle, les volumes produits en France ne retrouvent pas le niveau d’avant-crise. Ce sont autant de commandes en moins. Il existe donc, dans chaque secteur, des surcapacités qui n’offrent pas à nos groupes sidérurgiques des perspectives de débouchés évidentes.

Le taux d’utilisation des capacités de production mondiale est de 70 % seulement, et la situation pourrait encore s’aggraver compte tenu du contexte actuel. Pour autant, ce réalisme n’est pas synonyme de défaitisme, au contraire. Les enjeux sont multiples. Ils sont d’abord humains et sociaux. Je rappelais à l’instant que 3 500 emplois ont été détruits depuis 2008, mais la sidérurgie emploie actuellement 41 000 personnes. Il s’agit donc d’une filière industrielle essentielle, constituant pour ces personnes et leurs familles qu’elles font vivre un enjeu au premier chef. Elle constitue aussi un enjeu de compétences. De nombreux métiers liés à la sidérurgie, en amont comme en aval, requièrent des compétences professionnelles qu’il faut des années pour acquérir et qui sont aujourd’hui l’actif principal des sites productifs parfois menacés.

Elle constitue ensuite un enjeu économique. Par-delà les intérêts propres de la filière, d’autres secteurs de notre économie dépendent pour partie de la sidérurgie, tels que l’automobile, le ferroviaire, les biens d’équipement et de consommation et le bâtiment. À ce titre, nous devons avoir une vision dynamique des choses. Nous connaissons aujourd’hui une difficulté conjoncturelle, dont j’ai rappelé les causes, et chaque secteur a eu ses propres difficultés de cycle, comme l’automobile, ou est en train de les vivre, comme le secteur parapétrolier, mais la perte de compétences lors de la fermeture de sites est irréversible. Il ne faudrait pas que le retour de cycle aidant, nous soyons privés dans quelques années des capacités à faire face à la demande, en ayant ce faisant accru notre dépendance à l’égard d’autres producteurs. Tel est le défi stratégique que doit relever notre politique industrielle. J’ai la conviction qu’il doit nous amener à faire absolument tout pour conserver la vocation industrielle des sites concernés.

Enfin, la sidérurgie constitue un enjeu politique. Dans les territoires en difficulté que nous évoquons, partout où ce secteur est touché, les populismes s’en trouvent nourris. Il y a là l’illustration même de secteurs qui emportent un fort imaginaire collectif, social et industriel et qui se trouvent être les victimes d’une mondialisation non maîtrisée, ou en tout cas à laquelle nous ne savons pas, pour l’heure, apporter de réponse crédible. Ce faisant, nous nous affaiblissons. C’est pourquoi je considère que cette situation n’est pas une fatalité. Cela m’amène à mon deuxième point. La situation exige d’abord une mobilisation d’urgence aux niveaux mondial, européen et français. Au niveau mondial, il convient d’accompagner une sortie de crise. La Chine a annoncé une baisse de sa production en 2015 pour s’adapter à la conjoncture, ce qui est d’ailleurs la seule réponse durable à la crise.

Même si ce n’est pas la mesure de court terme qui nous permettra de passer les prochains semestres, nous devons continuer à faire pression sur la Chine afin qu’elle baisse sa production, et donc ses surcapacités, faute de quoi nous continuerons à écoper une inondation dont l’ampleur n’est pas à notre mesure. Nous devons donc suivre de près l’avancée de cette décision. Le Quai d’Orsay exerce une pression constante en ce sens. J’ai proposé au Président de la République de porter le sujet à l’OCDE et au G 20, qui sont les bonnes enceintes pour mener un tel débat, afin de parvenir à un compromis global sur la gestion de ces surcapacités. Il faut mener le débat dans ces enceintes, car c’est là que sera débattu le statut d’économie de marché de la Chine.

Nous devons donc mener un dialogue transparent et en responsabilité. Je ne veux pas faire de pétition de principe sur ce sujet, mais lorsque des groupes massivement subventionnés par les pouvoirs publics décident de vendre à perte des conditions de marché, on n’est pas dans une économie de marché. C’est dans ce cadre qu’il faut mener les débats industriels. Je vais par ailleurs engager une action de mes services sur le sujet pour tenter d’identifier les voies de sortie, ou au moins anticiper la gestion de certaines difficultés, et examiner les mesures mises en place par les autres pays producteurs. J’ai eu à ce titre plusieurs échanges avec mes homologues américain, australien et indonésien, dont les pays ont mis en place des barrières tarifaires fortes afin de défendre leurs capacités de production.

Les Américains se montrent aujourd’hui très durs à l’égard des Chinois. Nous devons constituer sur ce sujet un maul au sein du G20 et de l’OCDE, mais aussi du G7.

Le deuxième axe – le plus efficace à court terme – est la protection du marché européen. C’est là que l’essentiel de l’action doit être conduit. Il n’y a aucune raison pour que l’Europe ne se protège pas pour préserver ses capacités de production, ainsi que le font les autres zones économiques.

Nous pouvons – nous devons – tout faire. Car, au-delà des emplois, ce sont nos capacités de production et d’innovation qui sont en jeu. Nous ne pouvons pas préparer le prochain cycle industriel, en investissant et en innovant sur ces sites productifs, si nous ne réagissons pas très vite.

Comme toujours, nous devons livrer deux batailles en même temps : l’une, très défensive, vise à maintenir l’emploi et à éviter la fermeture de sites, l’autre vise à lutter contre le sous-investissement sur ces sites. Sans cela, nous connaîtrons à nouveau des situations comparables à celle, douloureuse, de l’usine Sambre et Meuse, dont les gestionnaires, après dix ans de sous-investissement, ont dû reconnaître que le site n’avait plus d’avenir industriel.

Aujourd’hui, il est très important de le rappeler, nos sites sidérurgiques sont à l’état de l’art. Hormis quelques rares exceptions, les sites productifs, comme celui de Vallourec, ont fait l’objet d’investissements massifs ces dix dernières années et se trouvent en pointe.

Il faut améliorer de toute urgence la protection contre les pratiques de dumping, en particulier asiatiques, qui d’une part, captent la demande d’aciers en Europe, et d’autre part, font baisser les prix, donc les marges de nos sidérurgistes.

Il existe quatre priorités au niveau communautaire, qui constituent ma feuille de route pour les prochaines semaines.

Il faut d’abord adopter le paquet sur la modernisation des instruments de défense commerciale, pour accélérer les procédures d’application des droits anti-dumping et les rendre plus dissuasives. Sur ce point, les choses bougent. Nos partenaires britanniques, notamment, perçoivent désormais la nécessité d’une action européenne plus ferme. Ce changement est dû au fait que la Grande-Bretagne a dû affronter la fermeture – causée par ces pratiques chinoises – de plusieurs sites de Tata Steel et la destruction de 4 000 emplois.

Il faut ensuite accélérer les procédures, pour pouvoir proposer des mesures provisoires avant le délai de neuf mois prévu par les textes européens. Ce délai maximal est en fait le délai moyen retenu pour les procédures anti-dumping classiques. C’est trop long pour la situation dans laquelle nous sommes ; la lenteur des procédures nous condamnerait. Après avoir échangé avec les différents groupes sidérurgiques, dont l’un représenté dans la table ronde qui a précédé notre débat, je nourris de grandes inquiétudes à l’idée que la situation actuelle puisse perdurer. Nous devons réagir plus vite.

Concrètement, nous pouvons anticiper l’adoption des mesures en acceptant les demandes d’enregistrement en douane des importations de produits qui font l’objet d’une enquête. Pour cela, j’appelle les industriels à transmettre avec célérité toutes les informations nécessaires pour que les services de la Commission puissent examiner les plaintes déposées. Il s’agit de créer un mécanisme provisoire qui permette une réaction rapide durant l’instruction.

Il faut aussi lancer des enquêtes dès qu’un dumping préjudiciable ou une menace de préjudice est identifié, sans attendre le préjudice constaté. Cette pratique, là encore provisoire, permet de réagir beaucoup plus vite, sans être aberrante ou particulièrement agressive ; les États-Unis l’ont d’ailleurs adoptée.

Vous connaissez mes convictions européennes. Dans une économie mondialisée qui va de plus en plus vite, l’Europe doit avoir la capacité de réagir. Sinon, elle nourrit la propre défiance à son égard.

La quatrième priorité est de mettre en place un instrument de réciprocité à l’échelle de l’Union européenne, pour inciter les pays tiers à ouvrir leurs marchés publics. C’est le débat que nous devons avoir, notamment avec la Chine. En ce sens, j’ai proposé à mes homologues italien, allemand et britannique d’envoyer un courrier commun à la Commission et à la présidence néerlandaise de l’Union européenne. J’ai échangé avec la présidence en début de semaine pour avancer sur ces différentes initiatives. Les Italiens ont d’ores et déjà donné leur accord. Celui des Allemands devrait être acquis, en dépit de leur prudence historique à l’égard de la Chine. Je continuerai à mettre la pression sur les Britanniques, qui se partagent entre deux écoles de pensée, une école classique pro-commerce mondial, donc pro-chinoise, et une école de réalisme économique, auquel adhère mon homologue, quoique libéral.

Là aussi, iI faut aller vite, pour calquer notre calendrier sur celui des autres économies. Nous devons lancer ces quatre séries d’actions dans le trimestre, pour obtenir des actions concrètes dans le semestre.

La France s’engage par ailleurs d’une autre manière, en mobilisant la politique climatique de l’Union européenne, pour contrer les risques de délocalisations. En effet, au-delà des destructions causées par les capacités chinoises à inonder notre marché, il existe des risques de délocalisation. Nos principaux concurrents – Chine, Inde et Russie – ne sont pas soumis aux mêmes exigences environnementales. Nous devons exercer dans toutes les enceintes une pression sur ce sujet.

Je suis convaincu que la transition énergétique et climatique ne sera possible dans la durée que si elle est favorable à l’emploi industriel et perçue comme parfaitement équitable. Nous ne pouvons pas être les seuls à faire des efforts en la matière. Il faut utiliser cela comme un levier diplomatique, afin de faire pression sur des pays qui, non contents de conduire une politique de dumping et de subventions massives, ne respectent pas les normes environnementales auxquelles nos sites productifs sont soumis. À ce titre, la France défend le maintien d’un système d’allocation de 100 % de quotas carbone gratuits pour les secteurs les plus exposés au risque de fuite de carbone.

En effet, on ne peut se plaindre du déclin de la sidérurgie européenne, causé par la concurrence étrangère, et en même temps affaiblir la compétitivité des sidérurgistes européens avec des contraintes déséquilibrées sur le carbone. Les représentants français ont porté cette position lors du premier Groupe de haut niveau de la Commission européenne pour les industries énergo-intensives du 18 décembre 2015. Nous devons continuer à mener cette bataille sur les bonnes pratiques et les exigences environnementales vis-à-vis des Chinois, des Indiens et des Russes. Au-delà des mesures de rétorsion commerciale, nous devons les inviter à se mettre aux standards internationaux, en conformité avec les engagements pris. Cette mobilisation est essentielle.

Avant de conclure, je veux insister sur la mobilisation d’urgence que nous devons opérer en France. Elle se fait au cas par cas, à travers un soutien aux entreprises en difficulté. L’État doit se tenir prêt à intervenir dans des dossiers locaux, là où l’urgence est la plus forte. Certes, nous devons agir au niveau mondial et européen – les initiatives européennes étant les seules vraiment efficaces face aux pratiques chinoises – mais, à court terme, nous devons gérer les situations locales difficiles que vous connaissez. L’État interviendra sans hésiter lorsque des emplois peuvent être sauvés durablement et que la production peut véritablement repartir. Là aussi, nous devons être lucides sur les perspectives qui nous attendent.

Akers France est placé en redressement judiciaire depuis la fin du mois de novembre. Nous attendons les offres pour le 26 janvier. Nous faisons preuve d’une très grande vigilance sur ce dossier, qui concerne plusieurs territoires, avec un actif industriel dont on connaît les qualités, et une difficulté conjoncturelle qui se trouve au coeur de ce que nous avons évoqué.

Le groupe Vallourec est touché par la crise que je viens d’évoquer, mais il est aussi la première victime de la contraction du marché pétrolier et parapétrolier, qui représente 66 % de ses débouchés. J’ai eu l’occasion de l’évoquer aujourd’hui même avec les élus concernés : nous formerons un groupe de travail avec les collectivités, les élus, et le groupe sous quinzaine, afin d’examiner les voies possibles de diversification et de maintien des capacités de production. Il ne s’agit pas de nier les difficultés conjoncturelles du groupe Vallourec ; nous avons tous fait preuve de responsabilité, les salariés au premier chef, dont la réaction a été très digne lorsque les premières restructurations ont été décidées, au printemps dernier.

Nous devons avoir un plan offensif sur le volet industriel, pour redonner des perspectives à Vallourec et faire en sorte que toutes les décisions capitalistiques soient prises : diversification, consolidation industrielle, partenariat, en France et sur les autres marchés.

Nous suivons avec vigilance les recours au chômage partiel. Comme à Fos-sur-Mer, chez Arcelor, il s’agit de pratiques d’attente, qui montrent bien la pression qui s’exerce sur le groupe au jour le jour.

Nous surveillons chaque annonce, chaque décision susceptible d’avoir un impact sur l’activité et l’emploi dans les territoires concernés. Là encore, nous voulons faire preuve de pragmatisme. Nous regarderons toutes les solutions industrielles de diversification – malgré le fait que beaucoup des marchés en aval soient eux-mêmes en surcapacité – les possibilités de partenariat et de consolidation industrielle entre des acteurs français lorsqu’ils peuvent aider à mieux résister, les possibilités de stockage relatif, pour qu’il n’y ait pas de destruction de sites industriels et de qualifications. C’est là ma priorité.

Je le dis à l’intention des principaux groupes concernés, la banque publique d’investissement – BPI –, comme les pouvoirs publics, prendront leurs responsabilités en tant qu’actionnaires. Elles le feront sur la base d’un plan parfaitement établi et stratégique. En effet, ce n’est pas à une difficulté de bilan que ces groupes sont confrontés, mais à une difficulté de compte de résultat, directement liée à la situation que j’ai évoquée.

Si nous avons à traiter des dossiers d’envergure comme ceux d’ArcelorMittal, de Vallourec ou d’Ascometal, nous ne négligeons pas les sites plus modestes, comme celui de Manoir Custines, spécialisé dans la forge, qui comptait 185 salariés.

En parallèle de nos actions en faveur de la sidérurgie, la base de notre politique industrielle est essentielle pour cette filière. Je ne reviens pas sur les mesures concernant le coût du travail, qui sont indispensables et qui doivent être consolidées, et sur lesquelles j’ai donné toutes les garanties aux groupes concernés. Ces mesures impliquent que ces groupes aient l’esprit de responsabilité correspondant au pacte du même nom.

La compétitivité coût, ce n’est pas que le coût du travail. Le coût de l’énergie est essentiel. À ce titre, nous avons pris cette année plusieurs décisions en faveur des industries électro-intensives, que je n’ai pas manqué de rappeler dans mes discussions avec chacun des groupes concernés.

La loi sur la transition énergétique a renforcé le statut des entreprises fortement consommatrices d’électricité en leur octroyant la possibilité de bénéficier d’une réduction de tarif de transport de l’électricité et d’être mieux rémunérées lorsque l’entreprise accepte de moduler sa production lors des pointes de consommation. Cela a permis notamment au groupe Riva de gagner en compétitivité, tout en se mettant aux normes européennes.

Sous mon impulsion, le Gouvernement a mis en place la compensation des coûts du carbone : c’est un mécanisme permis par Bruxelles, que l’Allemagne et de nombreux pays européens ont déjà déployé depuis plusieurs années.

Ces mécanismes représentent au total 200 millions d’euros de soutien en plus aux industriels électro-intensifs, dont la sidérurgie au premier chef, avec 50 millions d’euros. Pour 2016, nous travaillons à créer des mécanismes similaires sur la consommation de gaz naturel des industries gazo-intensives.

Enfin, la compétitivité hors coût est essentielle. Je le disais en parlant de l’importance de l’investissement. Nous devons miser sur les avantages comparatifs que sont la qualité et la spécialisation de nos aciéries, de nos tuberies ou de nos laminoirs. Il est impératif de poursuivre la montée en gamme de notre appareil productif et de soutenir l’investissement productif. Le suramortissement fiscal est une mesure importante, à laquelle ces industries sont éligibles, et il faut les encourager, même que dans le contexte que nous connaissons, à continuer à investir.

Philippe Darmayan, qui est intervenu précédemment, est bien placé, puisqu’il préside l’Alliance pour l’industrie du futur. J’ai demandé que le secteur de la sidérurgie fasse l’objet d’une attention particulière, afin que toutes les PME et ETI du secteur puissent bénéficier des aides de la BPI et du programme d’investissements d’avenir – PIA –, car rater une génération d’investissement les condamnerait immanquablement.

Si nous avons un avenir, c’est dans la capacité à endiguer le flux chinois, à réduire durablement la production chinoise et, dans le même temps, à garder nos innovations, nos compétences, en nous différenciant encore davantage sur le marché sidérurgique et métallurgique.

Si nous n’investissons pas, nous nous banaliserons et la génération suivante sera condamnée. Nous devons redoubler d’efforts en faveur de la recherche et développement dans les pôles de compétitivité concernés – en particulier à ViaMéca en Rhône-Alpes –, dans les instituts de recherche technologique comme M2P en Lorraine et en direction de la plateforme publique de recherche dans les domaines de la métallurgie et de la sidérurgie – je pense notamment à Metafensch, qui avait fait l’objet de plusieurs annonces il y a maintenant deux ans.

Toutes ces mesures sont essentielles pour le secteur, même si elles s’intègrent dans une politique plus large.

Vous l’aurez compris, l’enjeu du sujet et son importance me conduisent à vous rappeler la gravité de la situation et le dispositif que nous souhaitons mettre en place. Vous pouvez compter sur ma mobilisation pleine et entière sur ce sujet essentiel. C’est à cette condition que nous pourrons parler de manière crédible du redressement industriel et économique du pays.

D’ailleurs, on ne peut pas considérer que l’avenir industriel se jouerait uniquement sur les industries de pointe, les industries les plus innovantes ou celle des objets connectés. Ce sont des secteurs importants, mais ils s’appuient de toute façon sur notre capacité à maintenir une souveraineté productive dans ce domaine. Si nous la perdons, nous perdons non seulement, à court terme, des emplois et des territoires, mais nous brisons des vies et nous construisons notre propre dépendance économique, qui mènera les prochaines générations à la perte de leur industrie.

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