Intervention de Anne-Yvonne Le Dain

Réunion du 16 décembre 2015 à 10h00
Commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l'administration générale de la république

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAnne-Yvonne Le Dain :

Pour construire son texte et son propos, Mme la secrétaire d'État a commencé par interroger la société dans son entier : cette consultation de la population sur internet était une innovation majeure.

Nous retrouvons ici des mots que nous avions perdu l'habitude d'entendre : neutralité, transparence, protection, garanties, loyauté – autant de mots importants qui viennent s'ajouter à nos fondamentaux républicains, ceux que nous avons souvent chantés au cours de cette année dramatique. Je veux saluer cette approche d'un monde que l'on a tendance soit à diaboliser, soit à surinvestir : entre la crainte et l'hyperconfiance, c'est-à-dire l'insouciance, Mme la secrétaire d'État a trouvé une solution élégante et intéressante.

Nous retrouvons aussi de grandes institutions : la CADA, la CNIL, l'ARCEP, auxquelles s'ajoutent les SDTAN au niveau territorial.

Dans ma région, en Languedoc-Roussillon, nous avons lancé il y a cinq ans une grosse opération d'équipement destinée à développer l'accès à internet ; 52 millions d'euros ont été investis. C'était essentiel : la population des villages de campagne le demandait. Il n'en va pas de même en grande banlieue ou dans certains quartiers urbains : du fait de précédentes lois, les collectivités ne pouvaient intervenir dans les secteurs considérés comme concurrentiels. De sorte que nos campagnes sont mieux équipées, ou presque, que certains territoires urbains. Cela devrait nous inciter à repenser la répartition des rôles en matière d'équipement et à réfléchir à la manière dont l'Europe empêche l'intervention publique dans les secteurs prétendument concurrentiels – où, en réalité, la concurrence n'intervient pas non plus lorsque ces secteurs ne sont pas jugés suffisamment rentables. Ne réduisons donc pas au monde rural des questions qui se posent aussi en milieu urbain et dans certaines banlieues. Il existe des régions où les collectivités ont fait le travail ! Cela vaut pour internet plus que pour les mobiles, même si la situation est en train de changer.

Je tiens enfin à saluer la qualité et la finesse du travail qui a été mené vis-à-vis du monde scientifique. En la matière, le projet ouvre des portes, en ferme d'autres ; il joue la carte allemande en matière de protection des données scientifiques, et interroge en filigrane la manière dont celles-ci sont exploitées par les grands éditeurs, en fixant des délais au terme desquels elles peuvent être réutilisées par les chercheurs et les équipes qui les ont produites, ainsi que les résultats, les concepts et perspectives qui en découlent. C'est aussi de l'intérêt européen qu'il s'agit.

Les publications scientifiques sont massivement en anglais. Pourquoi y en a-t-il si peu en français ? N'aurions-nous pas intérêt, nous, Français, francophones, à ce que, au sein d'une communauté scientifique nationale, européenne et internationale, le savoir ne se diffuse pas en une seule langue ? Certes, l'anglais est le latin d'aujourd'hui. Il n'empêche que l'on ne pense pas de la même façon dans une langue et dans une autre – je m'adresse à Mme Lemaire, parfaitement bilingue et pleinement consciente de ces subtilités.

Merci pour la science, merci pour les mots ! Nous allons maintenant travailler à ce qui s'apparente à un big bang théorique.

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