Intervention de Jean Glavany

Réunion du 25 novembre 2015 à 9h30
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean Glavany :

Plusieurs questions font référence à des points abordés succinctement lors de notre présentation mais très développés et explicités dans le rapport.

Nous insistons par exemple sur les liens entre la Libye et la Syrie et l'Irak: à cet égard, la déclaration d'Al-Baghdadi démontre à quel point Daech vise explicitement la Libye et la considère comme partie intégrante du projet de califat. Nous développons également la question de l'influence des puissances étrangères dans le conflit, notamment les accusations de double jeu mené par la Turquie que vous évoquiez.

S'agissant de la réévaluation du dispositif militaire de l'opération Barkhane, ce sujet n'a pas été développé dans le rapport car il ne faisait pas l'objet de notre mission. Cependant, nous rappelons que toute évolution dramatique de la situation en Libye – et notamment l'expansion souhaitée par Daech du nord vers le sud – poserait inévitablement la question de la réévaluation de notre dispositif militaire.

Concernant la défiance répétée de M. Jacques Myard à l'égard de la notion de la communauté internationale, je rappelle que l'ensemble des parties libyennes discutent sous l'égide de l'ONU et de son Représentant Spécial – hier, M. Bernardino Léon ; aujourd'hui, M. Martin Kobler. Certes, le dialogue n'a pas encore abouti – et peut ne pas aboutir –, mais c'est le Représentant Spécial du Secrétaire général de l'ONU en Libye qui conduit les négociations. Nous devons donc l'aider au mieux afin de déboucher sur un accord concret et objectif.

A propos des milices, c'est en effet l'une des questions les plus difficiles. Il y aurait aujourd'hui en Libye plus de 300 milices, 200 000 à 250 000 personnes armées et des millions d'armes. L'intégration des milices dans une force nationale – police ou armée – est donc une question centrale et un chantier difficile. Nous devons nous assurer que les arrangements militaires soient décidés en étroite relation avec les pouvoirs locaux et les milices influentes, sans quoi le processus sera voué à l'échec.

Sur la proposition de mise sous tutelle du pays, je suis très dubitatif. Malgré l'éclatement du pays et la démultiplication des milices et des pouvoirs locaux, il reste un sentiment national extrêmement fort en Libye. Tout le monde sait qu'il suffirait de mettre un soldat étranger sur le sol libyen pour que nous assistions aussitôt à l'union nationale. L'idée d'une mise sous tutelle me paraît donc purement théorique.

Quant à la France, elle bénéficie d'une très belle image dans toutes les parties libyennes. Sa voix est attendue et respectée par les libyens mais également par les pays riverains : en particulier l'Egypte, l'Algérie et la Tunisie, lesquels sont extrêmement préoccupés par la situation libyenne. Il y a donc une conjonction de pays riverains avec lesquels nous pourrions trouver les forces d'une coalition, il en va de même avec le Tchad. Le rapport formule des propositions sur le rôle que pourraient jouer la France et l'Union européenne.

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