Intervention de Jean-Noël Carpentier

Réunion du 18 novembre 2015 à 9h30
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Noël Carpentier :

Ce rapport, qui date de plus de deux mois, a été bien reçu par la communauté éducative. Nous en débattons aujourd'hui alors que des événements tragiques se produisent : incontestablement, le savoir, la connaissance et l'éducation sont des remparts indispensables contre la bêtise, l'ignorance et le fanatisme. Comme la santé publique et la sécurité, l'éducation dans son ensemble doit être préservée de toute coupe budgétaire. De ce point de vue, je me félicite de l'action menée par notre majorité depuis 2012 en matière d'éducation, même s'il reste à apporter d'importantes améliorations à nos politiques, en particulier dans les cycles primaire et secondaire.

Dans l'enseignement supérieur, la France – comme vous l'indiquiez, madame Béjean – a des atouts et des bases solides. Hélas, j'ai le sentiment que nous nous sommes endormis sur ces acquis et que les budgets adoptés depuis plus de dix ans n'ont pas accordé une place suffisante à l'enseignement supérieur. La France ne peut pourtant prendre aucun retard dans la mondialisation : nous devons nous ressaisir.

Aussi, je partage la philosophie générale de ce rapport qui préconise de permettre à 60 % d'une classe d'âge d'obtenir un diplôme de l'enseignement supérieur. À parler d'économie, de budget voire de coupes, on oublie parfois l'essentiel : les hommes et les femmes que recouvrent nos expressions quelque peu technocratiques. L'objectif de 60 % est compréhensible par tous ; il l'est par la nation. Certes, les bougons, les partisans des coupes budgétaires et autres défenseurs de l'école élitaire, comme M. Hetzel, railleront sans doute cet objectif. Au contraire, le groupe RRDP s'en félicite et invite le Gouvernement à se donner les moyens de l'atteindre. Nous serons naturellement favorables à toute mesure budgétaire en ce sens.

L'un des principaux axes du rapport a trait aux conditions de vie des étudiants. Il faut favoriser une réelle accession sociale à l'éducation et à l'enseignement supérieur, et agir pour réduire les inégalités sociales et promouvoir l'inclusion. C'est ce que nous avons fait dans le cycle primaire avec la loi sur la refondation de l'école ; nous devons faire de même dans l'enseignement supérieur en prenant des dispositions concrètes qui amélioreront la vie de centaines de milliers d'étudiants. Aussi, je me félicite, madame la présidente, que votre rapport évoque en toute clarté le nécessaire combat national qui doit être mené contre la reproduction des inégalités sociales, encore trop fortes dans notre système scolaire : 28 % des enfants d'ouvriers obtiennent un diplôme supérieur, contre 65 % des enfants de cadres. Les propositions que vous formulez pour combler cet écart ont tout notre soutien. Je me réjouis tout d'abord que vous refusiez l'hypothèse d'une hausse massive et généralisée des frais d'inscription. D'autres pays s'y résignent peut-être, mais nous pouvons nous honorer de cette spécificité française et refuser d'imiter les politiques libérales de nos voisins. De même, il est indispensable d'augmenter considérablement le nombre d'élèves boursiers : les conditions de vie des étudiants, en particulier lorsqu'ils sont salariés, sont un obstacle à la réussite des études. Ensuite, vous encouragez l'innovation pédagogique : dans une société numérique de partage, il est essentiel, en effet, de réviser nos méthodes pédagogiques et de favoriser le travail d'équipe. De ce point de vue, la France accuse un certain retard.

Vous rappelez que le budget que la France consacre à l'enseignement supérieur est inférieur à la moyenne de l'OCDE, et très en deçà de ce qu'y consacrent les États-Unis et le Canada ; ce n'est plus supportable. Le groupe RRDP a plusieurs fois appelé l'attention du Gouvernement sur ce point ; nous pensons en effet que le budget de l'enseignement supérieur pour 2016 est insuffisant, et souhaitons que vos préconisations soient suivies lors des prochains budgets.

Enfin, madame Béjean, vous avez souligné les difficultés de mise en oeuvre de certaines des quarante propositions concrètes que contient votre rapport. Ne pensez-vous pas qu'il faut simplifier et fluidifier le système de l'enseignement supérieur en mettant en cause certaines prérogatives qui nuisent à l'unité d'action ?

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