Intervention de Corinne Bouchoux

Séance en hémicycle du 16 novembre 2015 à 16h10
Débat sur la déclaration du président de la république

Corinne Bouchoux :

et le rappel de nos valeurs de démocratie, de débat et d’échange. Malheureusement, cette forme de guerre avec des méthodes innommables se mène à une échelle mondiale et fait suite à des décennies de géopolitique parfois incohérente et dont les conséquences ne sont pas toutes pour rien dans ces catastrophes.

Il faut donc une réponse au plan national, bien sûr, mais également au plan européen, avec le renforcement des moyens d’Europol et d’Eurojust et une coopération entre les polices européennes. Au plan international, nous devons agir sous l’égide de l’Organisation des Nations unies, et nous nous réjouissons de ce qui a été dit en ce sens.

Que n’avons-nous parfois soutenu des pays assez peu démocratiques, vendu des armes à des pays qui en font maintenant l’usage que nous savons ? Il y a aussi des pétromonarchies au jeu ambigu, sur lequel nous devrons un jour mener une introspection critique. Quelles sont les suites de ce qui s’est passé en 2003 en Irak ? Quels sont les effets des actions menées en Libye en 2009 ?

Il y a aussi des conflits au Moyen-Orient, qui peuvent avoir un impact indéniable sur le ressenti de nos concitoyens. Ceux-ci peuvent ne pas comprendre cette perception à géométrie variable des droits humains.

Nous avons affaire à des procédés de super-terreur, qui mêlent visiblement des acteurs venus de loin et d’autres qui sont européens. Tout doit être fait pour mener une véritable politique européenne énergique d’aide et de prévention, sans laquelle il ne sera pas possible de trouver une solution pérenne. Dénoncer, en évitant les généralisations abusives et la stigmatisation d’une partie de nos concitoyens, est une ligne ardue qu’il faudra tenir.

Ceux qui ont frappé vendredi veulent supprimer notre art de vivre, la culture, la musique, le sport, les cafés où chacune et chacun peut se rendre en toute liberté. Les solutions à cette grave crise ne peuvent passer au plan intérieur par des mesures durablement déraisonnables et liberticides. Nous sommes tous d’accord sur ce point.

Il y a des juges compétents et opérationnels qui sont écartés au motif de logiques de rotation des postes. Mais, dans une telle situation, il convient de renforcer les moyens humains et matériels des enquêteurs, et peut-être de revenir sur des textes qui bloqueraient la bonne marche des enquêtes par la continuité du travail.

L’état d’urgence nous place déjà dans une situation qui permet des restrictions de circulation et des actions considérables, comme des perquisitions administratives jour et nuit pour faire avancer plus vite l’enquête. La récupération des armes est également possible. D’ailleurs, nous demandons un fichier obligatoire des armes détenues et de collection. Ce pourrait être un outil de travail.

Depuis cinq ans, nous avons discuté et voté un grand nombre de lois sur la sécurité et le renseignement. Tous les décrets n’ont d’ailleurs pas encore été pris. Pour autant, nous pensons que la solution réside dans les moyens – aux juges, aux policiers, aux gendarmes, aux militaires, aux services de renseignement, à ceux qui assurent notre sécurité – et pas nécessairement dans une nouvelle avalanche de textes qui, s’ils augmentent les fichages, ne permettent pas de faire face à des modes opératoires totalement nouveaux.

Il faut aussi, sans amalgame ni raccourci, être capable de ne tolérer en aucun cas sur notre territoire des imams ultra-radicaux qui propagent des discours de haine et des appels aux meurtres.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion