Intervention de Ronald Noirot

Réunion du 4 novembre 2015 à 9h30
Commission des affaires sociales

Ronald Noirot, secrétaire général de la CFE-CGC :

C'était impossible. Mais nous essayerons malgré tout de faire passer notre message.

Pour la CFE-CGC, trois responsables se partagent les torts. L'État d'abord, ou plutôt le Gouvernement, qui doit être le garant d'une concurrence loyale dans le transport aérien au lieu de laisser perdurer des dispositions aberrantes telles que des taxes qui n'incombent qu'aux compagnies aériennes françaises ou des redevances aéroportuaires bien plus importantes qu'ailleurs. Ainsi, la redevance dont s'acquittent nos amis de KLM – qui font partie du même groupe que nous – à l'aéroport de Schiphol a baissé cette année de 11 % et baissera encore de 11% en 2016 alors que la nôtre augmente largement plus que l'inflation. Certes, les taxes sont injustifiables et l'on ne va pas remettre en cause la taxe carbone à la veille de la COP21 ; mais pourquoi n'y a-t-il que les compagnies aériennes françaises qui la paient, alors que les Américains et les Chinois ont refusé de le faire ? Nous devrions être sur un pied d'égalité avec les autres concurrents, afin de défendre notre savoir-faire.

Le deuxième responsable, c'est la direction générale qui, depuis plus de quinze ans, a fait preuve d'un grand laxisme en matière de relations sociales dans l'entreprise, nous amenant à une situation où un directeur général adjoint chargé des ressources humaines se retrouve sans chemise. C'est une honte pour le syndicalisme d'Air France que d'en arriver à des débordements pareils, alors que tout avait été fait pour encourager le débat. C'est également la preuve de l'incapacité de la direction générale à faire passer ses messages. Le 5 octobre, au comité central d'entreprise (CCE), l'on n'a pas annoncé de licenciements, mais 2 993 pertes d'emplois qui seraient couvertes par des départs volontaires – un procédé pratiqué depuis plus de cinq ans, dans le plus grand respect des salariés. La CFE-CGC s'est toujours battue pour éviter les licenciements secs dans cette entreprise, et a toujours su trouver des solutions. Le 5 octobre, l'on avait également annoncé que l'on reprenait le dialogue social jusqu'à la fin de l'année pour tenter de corriger les écarts avec la concurrence.

Le troisième responsable, ce sont les syndicats. Le dialogue social est en panne non parce que la direction générale est mauvaise, mais parce que pour négocier, il faut être deux ! Nous avons, pour notre part, autant de mal avec les organisations syndicales qu'avec la direction. En effet, en moyenne, par an, chez Air France, l'on signe une centaine d'accords, soit un tous les trois jours en dehors des vacances ; cela montre que, contrairement à ce qu'affirment certains, le dialogue social existe et donne des résultats. Le personnel navigant technique, représenté par le Syndicat national des pilotes de ligne (SNPL), n'a pas assisté à dix des seize réunions prévues, optant pour la politique de la chaise vide. Certains syndicats du personnel navigant commercial ont également refusé de siéger alors qu'ils étaient invités dans la négociation. Il faut dénoncer toutes les contre-vérités au profit des faits. Les médias ont abondamment couvert les violences qui ont eu lieu chez Air France au lieu de mettre en avant le dialogue social qui existe dans l'entreprise, mais nous arrivons à travailler avec certains représentants de la direction générale et à leur faire passer des messages.

Mon syndicat, qui appelle à des réformes de structure capables de rendre l'entreprise plus compétitive dans le paysage du transport aérien mondial et défend le principe de négociation, dans le plus grand respect du personnel, est devenu la première organisation d'Air France, toutes catégories confondues. Les salariés d'Air France ont la volonté de trouver, par la discussion, des solutions aux problèmes que nous rencontrons aujourd'hui.

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