Intervention de Mathieu Santel-Leborgne

Réunion du 4 novembre 2015 à 9h30
Commission des affaires sociales

Mathieu Santel-Leborgne, de l'Union syndicale Solidaires de l'aérien, SUD Aérien :

J'aimerais aussi intervenir sur les ratios et les changements intervenus dans la structure du personnel. De quoi parle-t-on ? Comment compte-t-on ? Depuis la libéralisation du transport aérien intervenue au milieu des années 1990, il y a eu un recours massif à la sous-traitance. Certains postes au sol et sur les pistes ne sont plus occupés par des salariés d'Air France. En fait, on constate une précarisation de l'ensemble des salariés du transport aérien. Les conditions de travail et de rémunération des gens qui travaillent sur les pistes se dégradent aussi très vite.

S'agissant des risques psychosociaux au sein d'Air France, je peux vous parler du service informatique auquel j'appartiens : en un an et demi, trois salariés du service se sont suicidés, dont l'un sur le lieu de travail. L'an dernier, les salariés de l'escale d'Orly Ouest ont exercé leur droit de retrait parce qu'ils n'étaient plus assez nombreux pour faire le travail et qu'ils se faisaient cracher dessus par les passagers. Quand les collègues ne sont plus assez nombreux, ils doivent affronter des passagers mécontents de ne pas avoir le service auquel ils s'attendent. La réponse de la direction, l'été dernier, a été d'employer des vigiles pour empêcher les passagers d'attaquer nos collègues. Voilà le genre de réponses imaginées par la direction d'Air France ! Pour notre part, nous demandons d'avoir les moyens de faire correctement notre travail.

J'en viens maintenant aux commentaires sur les résultats : Air France a fait un bon troisième trimestre mais Lufthansa va engranger 2 milliards d'euros de bénéfice, ce qui est génial, etc. À quoi vont servir ces 2 milliards d'euros ? Personnellement, c'est la question que je me pose. En fait, les syndicats de Lufthansa ne sont pas euphoriques, bien au contraire : ils appellent à la grève parce qu'ils ne voient pas le produit de leur travail. Si la direction d'Air France nous fixe comme objectif d'atteindre un milliard d'euros de bénéfice net, je vais lui demander : pour quoi faire ? Je ne suis pas sûr qu'elle veuille investir, embaucher et augmenter les salaires. Je refuse de faire des efforts si je ne suis pas sûr que les salariés vont en bénéficier. Si le seul but de nos financiers de dirigeants est d'augmenter la rémunération des actionnaires, je ne me sens pas concerné en tant que représentant des salariés.

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