Intervention de Patrice Carvalho

Réunion du 4 novembre 2015 à 9h30
Commission des affaires sociales

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPatrice Carvalho :

Air France en est à son quatrième plan de réduction d'emplois en quatre ans. Ce simple énoncé montre que la compagnie a un problème de stratégie et de dialogue social. Les incidents survenus en marge du CCE, le 5 octobre, n'ont pas surgi dans un ciel serein. En septembre 2014, Air France a connu la plus longue grève de son histoire, et un accord formel n'aura été conclu qu'en novembre. Le conflit portait sur la revendication des pilotes d'un contrat de travail unique dans la filiale à bas coût Transavia.

Le 15 juin 2015, la direction annonce qu'elle engage une procédure en référé contre le syndicat des pilotes de ligne, lui reprochant de ne pas avoir totalement mis en oeuvre les engagements du plan Transform 2015. Ce plan d'économies de trois ans prévoyait 20 % d'effort de compétitivité pour toutes les catégories de personnel. Les pilotes étaient, disait-on, loin du compte, n'ayant réalisé que 130 millions d'économies sur les 200 millions demandés. On leur opposait les résultats des personnels au sol – 100 % – et des hôtesses et stewards – 96 %. Pour diviser le personnel, difficile de faire mieux !

Le 30 septembre était la date butoir fixée par la direction pour obtenir un nouvel accord de productivité et lancer le plan Perform 2020, réclamant un effort de 17 %. Faute d'accord, la direction a annoncé, le 5 octobre, un plan B programmant 2 900 suppressions de postes et une réduction de 10 % de l'activité long-courrier. Cerise sur le gâteau, les pilotes apprennent dans la presse qu'on leur propose trois niveaux de rémunération selon les sacrifices consentis.

Entre la grève de 2014, la saisine de la justice et le plan B, avez-vous vraiment le sentiment d'avoir créé les conditions du dialogue social ? N'avez-vous pas au contraire tout préparé pour aller à l'affrontement ? Je l'ai vécu dans ma circonscription avec Continental.

Le transport aérien est soumis à une concurrence féroce, c'est incontestable : on nous joue donc, là comme ailleurs, le refrain du coût du travail. Les pilotes, les salariés coûteraient trop cher ou ne travailleraient pas assez. L'air du temps est libéral, c'est l'heure de la revanche du capital sur le travail. (Murmures divers) Les responsabilités, dans cette situation, sont cumulées : elles sont françaises, elles sont européennes, mais elles relèvent aussi de la compagnie que vous présidez, des conditions du dialogue social, ou plutôt de son absence, que vous avez créée pour imposer l'austérité, laquelle ne saurait pourtant représenter une stratégie d'avenir.

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