Intervention de François de Mazières

Séance en hémicycle du 9 novembre 2015 à 15h00
Projet de loi de finances pour 2016 — Culture

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrançois de Mazières :

Concernant le programme « Patrimoines », l’affichage d’une augmentation de 121 millions d’euros des crédits de paiement s’explique par un changement de périmètre qui correspond à la budgétisation, à hauteur de 118 millions d’euros, de la redevance d’archéologie préventive. De fait, si l’on neutralise l’effet de cette budgétisation et que l’on intègre l’inflation, les crédits du patrimoine diminuent en réalité de 4,5 millions d’euros.

Madame la ministre, on constate, hélas, que la protection du patrimoine monumental ne sera plus assurée à un niveau satisfaisant. Les crédits de l’action correspondante sont en effet stabilisés par rapport à 2015, mais ils le sont à un niveau bien inférieur à celui de 2012 puisqu’ils sont réduits de 50 millions d’euros. Face à cette diminution des crédits, les gestionnaires des monuments historiques n’ont qu’une solution : retarder leurs investissements et privilégier les opérations d’urgence.

À titre d’exemple parmi tant d’autres, le centre des monuments nationaux avait prévu un investissement annuel de l’ordre de 30 millions d’euros pour l’entretien de la centaine d’édifices dont il a la charge. Ce montant s’est effondré à moins de 20 millions d’euros.

Ces trois années de disette pour le patrimoine sont une vraie bombe à retardement, d’autant plus que la loi relative à la liberté de la création, à l’architecture et au patrimoine en créant la cité historique va demander un surcroît considérable de travail à des directions régionales déjà terriblement perturbées et fragilisées par la mise en place de ces grandes régions, dont certaines n’ont absolument aucune identité culturelle.

Lorsque je vous ai interrogée sur cette question en commission élargie, madame la ministre, vous ne m’avez pas annoncé de renforts spécifiques en personnel. Comment du reste, pourriez-vous le faire puisque le plafond d’emplois de votre ministère diminue de soixante-trois équivalents temps plein ?

L’ouverture des trois musées du Louvre, de Versailles et d’Orsay, sept jours sur sept, annoncée à l’emporte-pièce par le Président de la République sans aucun travail préalable, suscite le même type d’interrogation. Certes, vous prévoyez dans votre projet de budget la mobilisation de près de soixante-dix emplois, mais l’excellent rapport pour avis de notre collègue Michel Piron évoque le chiffre de quatre-vingt-quatorze emplois.

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