Intervention de Barbara Pompili

Réunion du 27 octobre 2015 à 21h00
Commission élargie : finances - affaires culturelles

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaBarbara Pompili :

Plus que jamais, la lutte contre les inégalités doit être au centre de notre attention : il s'agit de donner vie à un pacte républicain qui tarde à se concrétiser pour une grande partie de la population. Le développement du service civique constitue en cela un levier intéressant, notamment pour la jeunesse, et le doublement des crédits qui lui sont alloués pour 2016 apparaît donc positif. Mais la montée en puissance de ce dispositif ne doit pas empêcher de mener une réflexion plus large. La faiblesse des niveaux de rémunération des volontaires pose question ; il en va de même du tutorat, à mettre en place, et de la formation des tuteurs et des jeunes. Par ailleurs, cette concentration des fonds qui s'effectue au détriment des autres politiques dédiées à la vie associative, n'est pas anodine : le service civique représente déjà plus de 77 % du budget global du programme ; or pour donner corps au service civique universel voulu par François Hollande et atteindre l'objectif des 150 000 volontaires en 2017, il faudrait, selon la Cour des comptes, investir plus d'un milliard d'euros.

Cette situation interpelle, surtout quand on voit les difficultés auxquelles font face d'autres acteurs qui oeuvrent quotidiennement sur le terrain en faveur du vivre-ensemble. Je pense à de nombreuses associations qui effectuent un travail admirable, ou encore aux centres sociaux, comme le Centre socioculturel d'Étouvie à Amiens, qui vit des temps particulièrement difficiles. Ces acteurs, qui favorisent l'implication des habitants dans la vie citoyenne et travaillent au plus près des jeunes, au coeur de la vie des quartiers, n'ont bien souvent plus les moyens d'assurer leurs missions. L'année passée, à la même époque, nous regrettions déjà cette trajectoire budgétaire car le tissu associatif est en crise grave, comme l'avaient encore démontré les travaux de la commission d'enquête parlementaire sur cette question. Malgré cela, les crédits qui lui sont dédiés ne sont pas au rendez-vous. Le budget alloué au Fonds pour le développement de la vie associative (FDVA), aux fédérations nationales et régionales ou encore au fonctionnement des délégués départementaux diminue, alors même que les besoins sont énormes et ne cessent de croître. Nous ne pouvons pas tout miser sur le service civique pour retisser un lien social devenu extrêmement fragile. Messieurs les ministres, comment entendez-vous mieux répondre aux besoins grandissants des acteurs de la vie associative, auxquels nous donnons de plus en plus de responsabilités ?

En tant que présidente du groupe d'études sur l'intégration des personnes en situation de handicap, je souhaiterais également aborder la question de l'engagement associatif de cette population, qui mériterait une plus grande attention de la part des pouvoirs publics. La société inclusive que nous voulons bâtir exige aussi de permettre aux personnes handicapées de participer à la vie de la cité.

Enfin, s'agissant du volet « Sport » du budget, c'est avec regret que je constate une nouvelle fois l'écart de taille entre les sommes allouées au développement du sport de haut niveau et la promotion du sport pour le plus grand nombre. Promouvoir le sport pour tous exige de concentrer nos efforts sur les publics qui en sont éloignés et de s'intéresser plus particulièrement aux zones rurales et aux quartiers en difficulté, en préférant par exemple aux grandes infrastructures à usage limité les équipements de proximité qui profitent à tous. Il en va de l'équité territoriale et de la lutte contre les inégalités. N'oublions pas que c'est grâce aux petits clubs et aux associations sportives de quartier que la pratique sportive se développe.

Les indéniables apports du tissu associatif à notre société sont plus que jamais nécessaires en cette période de crise, surtout après les événements tragiques de janvier dernier. Mais il faut donner aux associations qui veulent agir et mettre sur pied des projets novateurs les moyens de leurs ambitions, pour que leurs appels au secours ne restent pas lettre morte. J'espère, messieurs les ministres, que les préoccupations que j'ai exprimées rencontreront un écho positif ; en attendant, le groupe Écologiste soutiendra ce budget car l'effort en matière de service civique mérite d'être salué.

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