Intervention de Général Pierre de Villiers

Réunion du 15 octobre 2015 à 15h00
Commission de la défense nationale et des forces armées

Général Pierre de Villiers, chef d'état-major des armées (CEMA :

C'est bon de le rappeler car nous avons complètement changé de contexte stratégique.

Vous m'interrogez aussi, monsieur Rihan Cypel, sur la situation en Syrie que j'ai déjà abordée. Avec l'arrivée des Russes qui, pour l'essentiel, appuient Bachar al-Assad, la situation évolue. Dans quel sens ? Je ne suis pas capable de vous dire quelles seront les conséquences finales de cette intervention. Il est clair que Daech a fait une percée là où il était absent et que les Forces armées syriennes regagnent du terrain là où elles étaient bloquées. L'opposition syrienne modérée porte bien son nom : sa présence est très modérée. La situation au sol est extrêmement compliquée. La solution est d'abord politique et diplomatique.

Monsieur Lamblin, vous me demandez s'il ne faudrait pas déjà réactualiser le budget, compte tenu de l'intensification de la guerre contre Daech et de la multiplication de nos engagements. Non, à condition que je dispose des crédits déjà prévus. Sans ces 950 millions d'euros supplémentaires, il faudra effectivement revoir la copie. Elle a été bien faite, croyez-moi ! J'ai été major général des armées pendant quatre ans et nous avons construit une méthode, sur la base d'un modèle d'armée comprenant tous les ingrédients : les hommes, les équipements, la logistique, etc. Nous nous sommes assurés de la cohérence totale entre les facteurs physiques et les données financières.

Nous avons les trois projets des chefs d'état-major, les cinq projets des directions et services, plus celui de la direction du renseignement militaire (DRM). Tout ceci est cohérent. Grâce à l'expérience acquise de nos prédécesseurs, aux techniques modernes et à notre pratique opérationnelle, nous sommes parvenus à un résultat que nous n'avions jamais atteint auparavant.

Nous pouvons donc faire face à l'emploi actuel des forces. L'intervention en Syrie ne représente pas un emploi supplémentaire car nous bombardons et nous faisons nos opérations de renseignement, surveillance et reconnaissance (ISR) avec des avions qui, de toute façon, volaient en Irak. À la limite, il est même plus court d'aller survoler Raqqa que Mossoul. Pour le reste, nous sommes à effectif à peu près constant dans la bande sahélo-saharienne. En République centrafricaine, l'effectif ne descendra pas en dessous de 900 en l'état actuel des choses.

Pour résumer, je pense qu'il n'y a pas lieu d'invoquer exagérément l'usure des équipements – même si la vigilance s'impose – ou le manque de moyens par rapport aux besoins supplémentaires qui se profilent. En revanche, il est vrai que c'est la première fois depuis la fin de la guerre d'Algérie que la courbe marque un arrêt dans sa chute : le budget de la Défense se stabilise à environ 1,7 % du PIB et, selon la LPM actualisée, il sera encore à ce niveau en 2019.

Après les élections de 2017, il y aura probablement un nouveau Livre blanc et une nouvelle LPM. Il faudra réfléchir à nouveau à l'adéquation entre le niveau des menaces et celui des moyens. C'est souhaitable. À mon avis, le niveau de menace aura augmenté et il ne sera plus en adéquation avec celui des moyens. Il fut une époque où, dans le Livre blanc, il était dit que le budget de la Défense devait atteindre 2 % du PIB. Je connais quelqu'un qui l'a répété récemment. (Sourires.)

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