Intervention de Philippe Van de Maele

Réunion du 7 octobre 2015 à 9h30
Commission du développement durable et de l'aménagement du territoire

Philippe Van de Maele :

Je vous dirai, après m'être brièvement présenté, comment j'envisage le projet de l'établissement public d'aménagement de Paris Saclay (EPA Paris Saclay). Ingénieur des Ponts et chaussées, j'ai eu trois domaines d'activité principaux. J'ai commencé par construire des routes, des ports et des aéroports, dans deux directions départementales de l'équipement, Toulouse d'abord puis en Martinique – j'étais à Fort-de-France à l'époque de la réforme locale du statut des dockers, ce qui m'a donné un aperçu des discussions sociales. Voilà pour les infrastructures et l'aménagement.

Ensuite, pendant une grande partie de ma carrière, j'ai travaillé dans le domaine du logement social, de l'urbanisme et de la politique de la ville. Ce fut dans un premier temps au cabinet du ministre des départements et territoires d'Outre-mer, puis au cabinet du ministre de la ville lors de l'élaboration du pacte de relance pour la ville et notamment du programme de création des zones franches urbaines.

Après un passage à la direction des routes du ministère de l'équipement, j'ai travaillé pour la Banque interaméricaine de développement à la rénovation de barrios marginales, les bidonvilles, au Nicaragua, au Panama, au Honduras – et, sans succès, en Haïti. Faute de politique du logement, nous privilégiions l'aménagement, amenant l'eau et l'électricité, dessinant la trame viaire et organisant ces quartiers par la titularisation foncière des occupants.

En 2002, j'ai rejoint le cabinet de M. Jean-Louis Borloo, à l'époque ministre délégué à la ville et à la rénovation urbaine, pour contribuer à l'élaboration du programme national de rénovation urbaine et créer l'Agence nationale pour la rénovation urbaine, l'ANRU, dont je suis devenu le directeur général, accompagnant la rénovation de quelque 400 quartiers, avec de nombreux passages sur le terrain.

Après cette étape consacrée à l'urbanisme, au logement social et à la politique de la ville, j'ai été appelé auprès de M. Jean-Louis Borloo, devenu ministre de l'écologie, de l'énergie et du développement durable, pour travailler à l'élaboration des lois relatives à l'environnement dites lois Grenelle I et Grenelle II.

Nommé ensuite président-directeur général de l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (ADEME), j'ai été chargé de la mise en oeuvre du Grenelle de l'environnement, des négociations avec le Commissariat général à l'investissement relatives au programme d'investissements d'avenir pour tout ce qui est innovation dans les nouvelles technologies liées à l'énergie, aux déchets et à l'environnement. J'avais dès cette époque créé au sein de l'ADEME une direction « Villes et territoires durables ».

Ces expériences successives m'ont convaincu que la « ville durable » est un enjeu majeur en France et dans le monde, puisque l'on estime que la moitié de la population mondiale vit actuellement dans les zones urbaines, et que la proportion sera de 75 % en 2050. Étant donné l'augmentation de la population, cela représente entre 2 à 3 milliards d'habitants supplémentaires dans les villes à cet horizon. Je me suis pour cette raison orienté vers la direction « Innovation et construction durable » du groupe Bouygues Construction, où j'étais chargé de la recherche et du développement du groupe en matière de construction de quartiers durables.

Pour présenter des aspects divers, ma carrière n'est pas sans une certaine logique. Je lui vois trois spécificités. La première est la conduite de projets, qu'il s'agisse de projets d'infrastructure, de projets de loi, de projets de création d'entreprise ou de rénovation urbaine ; dans ce cadre, conduire le projet de l'EPA Paris Saclay est pour moi un moment extraordinaire. J'ai aussi eu la pratique de la concertation et de la collaboration, à la Banque interaméricaine de développement comme à l'ANRU et à l'ADEME ; enfin, j'ai participé au développement de l'innovation.

J'en viens à ma vision de l'EPA Paris Saclay, formidable projet. La création de l'Université de Paris-Saclay, tâche qui revient à M. Gilles Bloch, est un défi puissant, car il n'est pas aisé de réussir à combiner deux universités et des grandes écoles qui ont chacune leur histoire et leur personnalité propres. Aider à la création de ce campus urbain est un enjeu très fort pour le Sud du plateau de Saclay ; c'est aussi accompagner l'ensemble des territoires concernés, notamment dans les Yvelines. Ce pôle regroupe un grand nombre de laboratoires de recherche publics et de nombreux laboratoires privés, qu'ils se consacrent à la recherche en faveur de la mobilité durable au sein de l'institut VeDeCoM ou qu'ils opèrent dans les secteurs de l'aérospatial et de la défense, de l'énergie, de la santé ou des technologies de l'information et de la communication. Les potentialités économiques sont donc nombreuses.

À mon sens, il n'y a pas de vérité catégorique en matière d'urbanisme et de création de villes. Mais, ayant visité plus de 400 quartiers construits entre les années 1960 et 1980, au moins ai-je appris ce qu'il ne faut pas faire…

Enfin, je crois savoir que l'État envisage de lancer un appel à manifestation d'intérêt pour créer des démonstrateurs de quartiers durables. Je ne concevrais pas que le site de Paris-Saclay n'accueille pas un de ces démonstrateurs, d'autant que sont sur place toutes les entreprises aptes à participer à un tel projet ; qu'il s'agisse de l'aspect énergétique avec les réseaux intelligents locaux, des moyens d'économiser l'eau par souci environnemental et pour réduire les investissements publics dans l'assainissement et le traitement des eaux usées ou encore de se préparer à l'économie collaborative par des mutualisations hautement souhaitables, il faut trouver une dynamique. Paris-Saclay est un lieu où, en concertation avec les élus locaux, des projets de fond sont possibles.

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