Intervention de Michel Destot

Réunion du 16 septembre 2015 à 9h30
Commission du développement durable et de l'aménagement du territoire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMichel Destot :

Je remercie sincèrement tous les orateurs.

En ce qui concerne les deux dernières interventions, les plus politiques peut-être, il faut trancher : on peut bien étudier le financement détaillé de telle ou telle sous-section, mais l'enjeu est de savoir ce que l'on a l'intention de faire, au cours des cinquante à cent ans qui viennent, pour l'Europe du Sud et de l'Ouest. Si nous voulons peser sur son développement économique, sur ses trafics commerciaux, sur le développement des grands corridors qui intéressent l'Espagne, l'Italie et la France, ainsi connectées au reste de l'Europe, alors nous ne pouvons faire fi du Lyon-Turin quand la Suisse et l'Autriche, elles, ont déjà trouvé leurs solutions. Qui, ici, peut nier que nous avons à prendre une décision d'investissement à propos de laquelle les objectifs de croissance verte et de développement durable imposent une dynamique de report modal au profit du fret ferroviaire, le tout à l'échelle européenne ? Si nous nous laissons enfermer dans des mécanismes financiers et politiques hexagonaux, ce seront toujours les difficultés qui seront mises en avant. Mais si nous adoptons une perspective de long terme et européenne, ce projet apparaît comme une priorité.

Plus personne ne songerait aujourd'hui à contester la décision de construire le tunnel sous la Manche, même si nous mesurons désormais les erreurs d'appréciation qui présidaient au lancement du projet. M. Jacques Gounon, président d'Eurotunnel, pourrait vous confirmer ses bienfaits pour le Royaume-Uni, pour la France et pour la Belgique.

J'en viens à la question de l'acceptabilité. La grande majorité, voire l'unanimité des élus des territoires concernés est favorable au projet, non parce qu'il permet d'aller faire son marché à Turin depuis Lyon, mais parce qu'il favorise le développement économique des territoires et les liaisons intercités – entre Lyon et Grenoble, Chambéry, Annecy et avec la partie italienne –, ce qui est essentiel pour le trafic de voyageurs comme pour le fret. N'oublions pas le rôle économique de premier plan que jouent la région Rhône-Alpes et le Piémont dans leurs pays respectifs ; il est essentiel pour tirer vers le haut l'Europe du Sud et de l'Ouest.

Quant aux transporteurs, soyons clairs : nous devrons naturellement appliquer les propositions du rapport de Jean-Paul Chanteguet, dont le projet Lyon-Turin permet ainsi de relancer la dynamique. Il n'est pas question, en effet, de taxer les transporteurs si ces derniers ne peuvent répercuter le coût du transport sur les chargeurs.

Comment se fait-il que nous en soyons encore à nous poser ce genre de questions alors que nous, parlementaires, approuvions très majoritairement l'écotaxe, toutes formations politiques confondues ? Je suis convaincu que l'instauration de l'Eurovignette sur le seul territoire alpin nous permettrait de renouer avec la dynamique vertueuse de l'écotaxe dans notre pays. Si la Suisse s'en sort beaucoup mieux que nous avec ses nombreux tunnels, c'est parce qu'elle a su s'assurer sur son territoire un financement qui lui permet de faire face à ses besoins d'investissement. Et la France ne serait pas capable de faire de même ?

Le Lyon-Turin aura le même effet vertueux sur les parcours ferroviaires : cette liaison ne se conçoit pas sans le contournement ferroviaire de Lyon dont elle encouragera la réalisation. Parmi les grands pays européens, c'est la France qui est le plus en retard en ce qui concerne le fret ferroviaire. Il y a donc là matière à engagement politique.

Cette dynamique concerne enfin l'AFITF : Gilles Savary et Philippe Duron l'ont suggéré, nous avons là un moyen de relancer les discussions en vue d'abonder davantage les ressources de l'Agence, au nom du développement durable.

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