Intervention de Henri Baissas

Réunion du 12 décembre 2012 à 10h00
Commission des affaires économiques

Henri Baissas, directeur des opérations d'Ubifrance :

Ubifrance est un outil issu d'une réforme. Notre tissu d'exportateurs reste faible, il est vrai, et son développement est freiné par des facteurs culturels et historiques. Ce sont les grands groupes qui font la force du commerce extérieur français : comme vous le disiez, 1 % des exportateurs représentent 70 % de nos exportations. Cette force dissimule désormais la faiblesse du tissu d'entreprises exportatrices et des moyens dédiés par les PME et les ETI à leur développement international. Ce n'est que depuis peu qu'Ubifrance a pour mission d'être un outil au service des PME et des ETI. Notre rôle consistant à capter des opportunités sur les marchés à l'étranger, nous devons bénéficier d'une offre française forte et de filières structurées.

Vous avez cité les écosystèmes allemands : lors de notre atelier de ce matin, les grands constructeurs automobiles ont lancé un appel pour assurer la solidarité de cet écosystème. Ces comportements restent encore à construire.

Dans le plan pour l'export de la ministre du commerce extérieur, quatre grands domaines prioritaires sont identifiés : le premier est celui de la « ville durable » et des énergies renouvelables, pour lequel l'offre française est encore très faible, alors qu'il n'y a pas un seul marché qui ne soit intéressé par les technologies et le savoir-faire en ce domaine. Notre capacité de mobilisation de l'offre dans ce secteur reste cependant à structurer.

Lors du dernier Salon international des équipements, des technologies et des services de l'environnement, Pollutec, Bouygues a appelé à une mise en commun des savoir-faire et des technologies françaises pour qu'émergent le concept de ville durable et une offre agrégeant l'ensemble de ce qui existe. Il faudrait, pour cela, disposer d'un démonstrateur qui puisse prouver l'efficacité de notre offre à l'étranger.

J'en viens au guichet unique. Notre efficacité dépend avant tout de nos équipes sur le terrain. Or contrairement à son homologue britannique UK Trade & Investment (UKTI), Ubifrance ne dispose pas d'un réseau régional. Rappelons que UKTI dispose de 300 à 400 personnes qui détectent directement les entreprises en région, ce qui lui permet de se projeter sur les marchés extérieurs, alors qu'Ubifrance est un outil au service des régions, des chambres de commerce et d'industrie – bref de tous les acteurs de terrain. Les 700 opérations collectives que nous organisons à l'étranger sont des missions d'affaires dictées par la demande des marchés étrangers : nous identifions les grands donneurs d'ordres qui recherchent une offre française susceptible de répondre à leurs besoins.

Beaucoup reste à faire en matière de synergie entre grandes entreprises et PME : pour le moment, les succès sont mitigés. Deux axes de développement doivent être privilégiés. Il s'agit d'abord de la structuration des filières – j'ai cité tout à l'heure les exemples de l'automobile et de la ville durable. Une illustration du second axe peut être fournie par Total, qui accompagne près de 200 entreprises, par le biais de sa structure Total Développement Régional, en leur ouvrant son carnet d'adresses à l'étranger. Nous souhaitons être l'opérateur de ce type de programmes pour les autres grandes entreprises.

Le volet international de la BPI a été évoqué. Dans le cadre du Pacte de compétitivité, il est prévu que 1 000 entreprises bénéficient d'un accompagnement personnalisé. Au-delà des 1 100 entreprises qui assurent 70 % de nos échanges internationaux, notre mission sera de faire grandir des entreprises comme Ceraver, qui emploient plus de 50 salariés et ont un potentiel de croissance important : ce sont elles qui peuvent faire la différence dans le développement de nos exportations. Ubifrance positionnera ainsi au sein de la BPI des développeurs qui prolongeront l'activité de financement de la Banque par une activité de conseil. Si le « carburant » du financement est essentiel pour faire avancer les entreprises, nous nous proposons d'être la boussole qui les guidera sur les marchés. Plus nous irons loin dans cette dynamique d'implantation et de développement des entreprises à l'international, plus nous aurons besoin d'acteurs privés pour les aider à transformer l'essai.

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