Intervention de Élisabeth Guigou

Séance en hémicycle du 8 juillet 2015 à 15h00
Déclaration du gouvernement sur la situation de grèce et les enjeux européens

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaÉlisabeth Guigou, présidente de la commission des affaires étrangères :

Cette réflexion me semble particulièrement pertinente aujourd’hui. Les Grecs ne veulent pas sortir de la zone euro et nous voulons tous renforcer l’union monétaire. Pourtant, par manque de sang-froid et de recul, nos décisions collectives risquent de conduire à la sortie de la Grèce et à l’affaiblissement de l’Union européenne.

Ne nous berçons pas d’illusions, mes chers collègues : la sortie de la Grèce de la zone euro fragiliserait le projet européen. La France ne veut pas que la Grèce sorte de la zone euro. Le Président de la République l’a réaffirmé plusieurs fois cette semaine ; vous-même, monsieur le Premier ministre, à cette tribune, l’avez répété avec force et le ministre des finances Michel Sapin n’a pas ménagé ses efforts pour éviter qu’il en soit ainsi.

Pourtant, la question de l’appartenance de la Grèce à la zone euro est maintenant ouvertement discutée par les dirigeants européens. Soyons lucides : derrière cette question, le problème principal est celui de la capacité de l’Union européenne en général et de la zone euro en particulier à exister non seulement comme union monétaire, mais aussi comme union économique et sociale et, surtout, comme une entité politique, démocratique, fédératrice et porteuse d’un projet d’avenir.

Je n’ai pas besoin d’ajouter à ce qui a déjà été dit sur l’effet désastreux qu’une sortie de la zone euro pourrait avoir sur le peuple grec et, à titre subsidiaire, sur nos finances publiques et sur l’influence économique de l’Union européenne dans son ensemble.

En revanche, en ma qualité de présidente de la commission des affaires étrangères, je veux souligner avec gravité l’ensemble des implications géopolitiques des décisions qui seront prises dans les jours qui viennent. Ne serait-ce que pour cette unique raison, je ne peux partager les appels irresponsables à une expulsion de la Grèce de la zone euro, et je ne peux pas non plus me résigner au lent pourrissement de cette situation.

Je pense à nos relations avec le Proche-Orient, à la gestion des flux migratoires qui traversent la Grèce, à nos rapports avec la Russie qui se délecte de la situation, à la stabilité des Balkans, déjà si fragile, et à l’ambition de faire de notre Union autre chose qu’une vaste zone de libre-échange, comme certains s’en accommoderaient avec satisfaction. Dans notre histoire commune, le risque de détricotage de la construction européenne a rarement été aussi fort. L’idée d’une sortie sans drame de la Grèce de la zone euro est une chimère.

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