Intervention de Jean-Louis Chaussade

Réunion du 30 juin 2015 à 16h15
Commission du développement durable et de l'aménagement du territoire

Jean-Louis Chaussade, directeur général de Suez Environnement :

Merci de toutes ces questions, auxquelles vous me pardonnerez de répondre de façon très synthétique, puisque je vais devoir partir assez vite.

Je commencerai ce que vous avez appelé, Madame la députée, la méfiance du public. Tout d'abord, il n'y a pas de super-profits : la marge nette de Suez Environnement dans le domaine de l'eau a varié, suivant les années, entre 4 % et 6 à 7 %. Nous avons correctement vécu, mais c'est tout.

Quant au prix de l'eau, il est en moyenne en France de 3,40 euros par mètre cube – la moyenne européenne étant de 3,50 euros. Il faut souligner que les prix chez beaucoup de nos voisins, surtout au nord, sont très largement supérieurs : en Allemagne, les prix sont plutôt de 4,5 à 6 euros par mètre cube, aux Pays-Bas plutôt de 6 euros. Les prix français sont donc relativement raisonnables ; ils sont supérieurs aux prix espagnols et italiens, mais la qualité des infrastructures et de l'eau n'est pas du tout la même ! Les Italiens, en particulier, ont devant eux d'énormes investissements dans ce domaine.

Les variations sur notre territoire s'expliquent de façon rationnelle, d'abord par la diversité des modes de financement – certains investissements ont été financés par l'impôt, d'autres par l'investissement privé, ce qui se reflète dans les prix –, mais aussi par l'état des ressources, la nécessité éventuellement de traiter l'eau, de la transporter… Enfin, dans les zones plus denses, le prix sera plutôt plus faible.

Il est plus facile pour nous, entreprise privée, je le souligne, de discuter avec de grandes agglomérations, ou en tout cas avec de grands syndicats techniquement bien armés, et à même de mutualiser les moyens et les investissements. Cela permet en outre d'homogénéiser le prix au moins pour une agglomération : il est effectivement difficile d'expliquer au consommateur de fortes variations de prix entre des communes très proches. J'ai mentionné le chiffre de 2 600 contrats, mais 80 % de notre chiffre d'affaires doit reposer sur une cinquantaine ou une soixantaine d'entre eux seulement : le reste est donc extrêmement dispersé, ce qui signifie pour nous des profits beaucoup plus faibles, voire des pertes.

Quant aux océans, nous sommes associés à la journée du 8 juin que vous avez mentionnée, Monsieur le député. Les océans constituent pour nous un sujet d'étude tout à fait essentiel. Cela commence par l'analyse des phénomènes qui s'y déroulent : nous analysons ainsi l'eau des plages, afin de pouvoir chacun matin, en quelques minutes et au pire en quelques heures, dire si les gens peuvent ou pas se baigner.

Il faut être conscient que la quasi-totalité de la pollution des océans vient de la terre : l'empêcher d'y arriver est donc la première chose à faire. Il faut ramasser, collecter, traiter, toutes tâches que nous connaissons bien. Ainsi, les plastiques que l'on trouve dans l'océan sont la plupart du temps le résultat du lessivage des côtes par des pluies intenses, qui emmènent tout sur leur passage : un plastique jeté dans la rue, s'il n'est pas arrêté par les stations d'épuration, finit le plus souvent à la mer.

Nous menons des études très intéressantes sur les fibres – sujet dont on parle beaucoup dans le cadre des discussions sur la biodiversité. Nous nous sommes aperçus que nous produisons 200 000 fibres par habitant et par jour, notamment en utilisant nos machines à laver, qui effilochent les vêtements. Ces microfibres passent dans l'eau, dans les tuyaux, et la petite partie d'entre elles qui ne sont pas arrêtées par les stations d'épuration finissent à l'eau où elles empoisonnent le monde marin. Il faut donc les étudier, les identifier, les traiter : ce sont des sujets sur lesquels nous travaillons.

Vous m'interrogez, Monsieur le député, sur les systèmes que nous mettons en place pour prévenir les débordements et les inondations. C'est un sujet majeur si l'on veut éviter que les plastiques, comme toutes sortes de sources de pollution, se retrouvent dans les mers. Vous me demandez comment cela fonctionne : puisque la météo nous permet maintenant de savoir trois à quatre heures à l'avance où il va pleuvoir, nos équipes peuvent gérer en continu, et en temps réel, le réseau et les réservoirs. Ainsi, si une pluie intense est prévue, on peut vider un réservoir que l'on veut voir remplir. Des systèmes experts permettent en outre d'utiliser les expériences précédentes. Tout cela permet d'éviter au maximum les débordements, qui sont catastrophiques pour la pollution des océans.

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