Intervention de Jean Lassalle

Séance en hémicycle du 2 juillet 2015 à 15h00
Nouvelle organisation territoriale de la république — Article 21 aa

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean Lassalle :

Je prends la parole pour la dernière fois, car rien ne sert de ressasser, d’autant plus qu’on pourrait en déduire que je suis un peu aigri, ce qui n’est nullement le cas. Notre pays a besoin de paix intérieure. En ces temps très durs et très violents auxquels nous avons et aurons à faire face, ses habitants doivent être soudés et se retrouver autour de ce qui a toujours fait sa force : la profondeur des hommes et des femmes qui l’habitent de toute leur âme et en ont fait un pays entretenu comme du papier musique. Vu d’avion, comme il est magnifique ! Je perçois mal la plus-value économique et financière que nous réaliserons en le privant de ce million d’hommes, qu’évoquait à merveille François Mitterrand, qui défendent bénévolement les intérêts de notre territoire et seraient prêts à se faire tordre le cou pour l’entretien d’un chemin de terre ! Et si ce million d’hommes est défaillant, un autre est prêt à le remplacer !

Mais ces hommes et ces femmes sont aujourd’hui débordés de travail. Ils ont une charge de travail considérable qui pourtant sera effacée du jour au lendemain. Certes, il subsistera quelques délégués communautaires, peut-être quelques maires par-ci par-là. Mais qu’allons-nous faire sans le travail bienveillant, pleinement libre et non rémunéré de ces hommes et de ces femmes ? Je croyais que la priorité de notre pays était de s’attaquer à la reconstruction de son industrie, à son adaptation aux temps modernes et à la reconversion énergétique dès lors que le pétrole et l’énergie nucléaire posent problème.

Je pensais que la priorité de notre pays était là. Eh bien non, il faut croire qu’elle est ailleurs. Que vont devenir ces grands sujets sans les animateurs, sans la volonté de ces hommes et de ces femmes sur le territoire ? Je me le demande, et je suis très pessimiste : cela va susciter des contentieux à n’en plus finir, car ces structures mettront des années à se mettre en place, et des conflits entre juges et préfets. C’est exactement ce dont avait besoin ce pays pour retrouver le moral !

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