Intervention de Marion Maréchal-Le Pen

Séance en hémicycle du 11 juin 2015 à 9h30
Expérimentation d'un service civique de défense — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMarion Maréchal-Le Pen :

Il était impensable de restaurer un service militaire, alors le Président annonça, comme grande mesure, le renforcement du service civique, basé sur le volontariat dans les services publics. Le caractère volontaire de ce service civique, comme du service civique de défense que ce texte propose d’expérimenter, tue dans l’oeuf leur pertinence ; il faudrait une obligation de servir. Considérez les profils de jeunes tels que les Kouachi, Coulibaly, Merah – précisément ceux que vous aimeriez extraire de la délinquance et de la radicalisation. Les imaginez-vous consacrer volontairement plusieurs mois de leur vie aux armées de notre pays, ou quelques heures au service public, comme le souhaite le Président de la République ? Il est à craindre que les jeunes des banlieues soient défaillants dans leur grande majorité.

D’autre part, l’idée selon laquelle les jeunes « volontaires Défense » renforceraient significativement les ressources humaines des armées est une imposture. Ils constitueront uniquement une charge, alors même que les armées françaises se trouvent déjà, et certainement pour longtemps encore, en risque permanent de rupture capacitaire.

Il ne faut pas un retour au service militaire d’antan, mais l’institution d’un service allégé qui aurait pour objectif essentiel d’améliorer la cohésion sociale, tout en donnant aux jeunes Français et Françaises l’occasion de servir effectivement la Nation. Un tel service ne pourrait être envisagé que sous deux conditions impératives. D’abord, les armées ne doivent pas être mises à contribution pour accueillir, former et employer les nouveaux appelés, car elles n’en ont plus les moyens matériels et financiers. Elles n’ont pas suffisamment de locaux ni d’hommes pour encadrer et former 150 000 jeunes sur six mois : elles n’ont déjà pas assez de moyens pour assurer leurs missions, et vous n’avez que ralenti la diminution de ces moyens.

Ensuite, la durée d’un tel service devrait être nécessairement limitée à trois mois, pour en réduire le coût qui serait supporté par des crédits interministériels. Ce service comporterait un mois de formation générale et citoyenne dans des centres d’entraînement et de formation, au terme duquel une évaluation serait faite, afin d’orienter les stagiaires, en fonction des besoins, soit dans une garde nationale, soit au sein d’organismes locaux de sécurité civile ou de sécurité intérieure, pour les deux mois restants.

La garde nationale, relevant de la responsabilité du ministre de l’intérieur, aurait pour objectif de renforcer la défense du territoire et de soutenir le maintien de l’ordre. Elle doit être capable de réagir dans les meilleurs délais en cas de crise de toute nature, et de contrer les nouvelles menaces intérieures. Cela permettrait d’apporter un début de solution au manque de personnel dans l’actuel plan Vigipirate.

Au total, à un instant donné, près de 180 000 jeunes seraient en service, par roulement. En uniforme, les appelés seraient nourris, logés, habillés, soignés et transportés aux frais de l’État ; ils recevraient une indemnité journalière analogue à celle consentie pour le service civique, soit 573 euros nets par mois. Ils bénéficieraient pendant toute cette période d’avantages comme la possibilité du financement de leur permis de conduire.

Soyons lucides : ce nouveau service national ne sera pas la solution définitive, miraculeuse, aux grandes fragmentations dont souffre notre pays, mais il sera l’une des solutions. Être une nation, cela ne se décrète pas : cela se construit, cela se vit sur des siècles. Or le flux continu d’une immigration non assimilée, voire désassimilée, et ses conséquences, le développement de l’islamisme radical et l’abandon du roman national à l’école, doivent être pris en compte si l’on veut vraiment sortir du péril terroriste et du grand malaise français, qui nous ont conduits au débat d’aujourd’hui.

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