Intervention de éric Trappier

Réunion du 2 juin 2015 à 17h30
Commission de la défense nationale et des forces armées

éric Trappier, président du comité défense du Conseil des industries de défense, CIDEF, président-directeur général de Dassault Aviation :

C'est la décision prise dans la LPM de ne livrer que vingt-six avions qui a déstabilisé l'industrie. Nous avons accepté de ne produire qu'un avion par mois depuis longtemps alors que le programme Rafale en prévoyait deux ou deux et demi par mois. À un rythme de onze avions par an, nous aurions produit soixante-six avions au terme de la LPM, soit un surplus de quarante appareils. Un insuccès à l'exportation aurait signifié tout simplement l'arrêt de la chaîne Rafale. À l'inverse, la conclusion des deux premiers contrats au bon moment permet une stabilisation. Ils prévoient la livraison de deux fois vingt-quatre avions, qui vont en partie se substituer aux quarante avions français que je viens d'évoquer. Le « trou » de livraison à la France va un peu au-delà du terme de la LPM puisqu'un arrêt de livraison était prévu pendant quatre ans et demi suivi d'une reprise à partir de 2016. Pour l'instant, en phase de substitution, nous en sommes toujours à la cadence d'un avion fabriqué par mois et au lieu, donc, que les appareils produits soient livrés à la France, ils le seront à l'Égypte et au Qatar.

L'arrivée d'un troisième contrat va nous obliger à remonter en cadence, ce qui était prévu depuis longtemps. Le succès appelant le succès, nous sommes en mesure de monter – Dassault, SNECMA, Safran et l'ensemble de l'écosystème Rafale – jusqu'à une cadence de quatre appareils par mois. Aussi disposons-nous d'une large marge de manoeuvre puisque, si l'Inde signait un contrat, nous n'en serions pas encore à ce rythme. Nous ne sommes donc pas inquiets concernant les prises de commande.

L'Inde, précisément, après la visite de son premier ministre au Président de la République, a décidé, pour des raisons de sécurité et de défense, d'accélérer le processus engagé en 2012, année pendant laquelle nous avons remporté la compétition. La difficulté était qu'il fallait produire pratiquement tous les composants du Rafale sous licence en Inde, ce qui aurait pris du temps pour le réaliser mais aussi pour le contractualiser en raison des nécessaires discussions avec l'ensemble des industriels indiens. N'ayant plus le temps d'attendre, les Indiens ont demandé la livraison immédiate de trente-six avions, soit deux fois plus que dans le contrat originel. Nous ne savons pas si, par la suite, d'autres tranches sont à prévoir et si elles devront s'inscrire dans le cadre de la nouvelle politique indienne du make in India impulsée par le Premier ministre Modi. Pour l'heure, nous nous concentrons sur l'application d'un contrat d'État à État, de gré à gré, sans transfert de technologie et sans transfert de fabrication.

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