Intervention de Hervé Guillou

Réunion du 2 juin 2015 à 17h30
Commission de la défense nationale et des forces armées

Hervé Guillou, président-directeur général de DCNS :

La LPM confirme la capacité de quinze frégates de premier rang, socle sur lequel le ministre de la Défense s'est engagé vis-à-vis de la marine. La réorganisation du calendrier de livraison des frégates est le résultat de l'effet vertueux évoqué par Éric Trappier. La grande complicité de « l'équipe de France » a permis d'exporter très rapidement une frégate en Égypte, et de prévoir une frégate de plus à Lorient d'ici à 2019.

Les ressources engrangées grâce aux exportations nous permettront d'accélérer le programme de cinq FTI : c'est l'opportunité d'obtenir beaucoup plus tôt que prévu, à savoir dès 2023, un modèle de référence exportable, pourvu de toutes les technologies modernes. Un nouvel équilibre peut ainsi être atteint entre les développements et la production, de nature à redonner presque dix ans de visibilité à DCNS dans le secteur des bâtiments de surface – à Lorient, à Toulon pour les systèmes de combat, à Indret, près de Nantes, pour les appareils propulsifs et à Ruelle pour les équipements.

La FTI représente 1,5 million d'heures d'études et, potentiellement, entre 1 million et 1,5 million d'heures pour la construction des séries. On doit également compter 600 000 heures de sous-traitance par bateau. Enfin, près de 2 milliards d'euros devraient être engagés dans la BITD et en direction de nos principaux partenaires industriels, au premier rang desquels Thales, non seulement pour les nouveaux radars à panneaux fixes – qui sont un bon produit d'appel à l'export, fruit d'une maîtrise technique unique en Europe qui permet à l'électronique de faire tourner le faisceau de façon artificielle –, mais aussi pour ce qui concerne la guerre électronique et les communications. Parmi nos autres partenaires, nous comptons MBDA, Nexter pour l'artillerie, Sagem pour la navigation optronique et les leurres, MTU pour les systèmes propulsifs, Airbus Défense, je l'espère, pour les drones hélicoptères Tanan.

Si, comme prévu, nous engageons en 2016 le plein contrat de développement, nous pourrons proposer cette frégate sur le marché dès 2017-2018. Il s'agit d'un segment de marché très actif, où les opportunités sont nombreuses – on les estime à quarante sur la période. Cela supposera de travailler en design to cost, c'est-à-dire de dessiner cette frégate en fonction de son exportabilité et non pas seulement des envies de mes ingénieurs ou des souhaits de nos officiers de marine. Il est parfaitement clair avec Bernard Rogel et Laurent Collet-Billon que nous concevons une frégate qui a d'abord vocation à répondre à un marché global et au budget de la marine.

Colombie, Pérou, Chili sont parmi les pays les plus intéressés. Les pays de la péninsule arabique offrent de belles potentialités, tout comme l'Indonésie et la Thaïlande. Au Canada, les problématiques de politique industrielle sont plus compliquées et le Brésil est confronté aux problèmes budgétaires que vous savez.

Quarante frégates, c'est un marché formidable. Si nous en prenons 20 % – notre part légitime sur ce marché où nous ne sommes pas très nombreux, surtout si nous nous différencions par la technologie –, cela représente huit frégates à construire. L'actualisation de la LPM nous offre donc une très belle opportunité.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion