Intervention de Joaquim Pueyo

Séance en hémicycle du 4 juin 2015 à 15h00
Programmation militaire pour les années 2015 à 2019 — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJoaquim Pueyo :

Monsieur le président, monsieur le ministre, madame la présidente de la commission, messieurs les rapporteurs pour avis, chers collègues, la LPM votée le 3 décembre 2013 était, à mon avis, adaptée à nos besoins, aussi bien pour remplir les missions de la France sur les théâtres extérieurs que pour permettre à notre pays de renouveler les équipements nécessaires au maintien de l’excellence que la situation du monde exige de nos armées.

Deux jours après ce vote, le 5 décembre, la France s’engageait militairement en Centrafrique. En septembre 2014, notre pays rejoignait la coalition internationale contre l’organisation terroriste Daech, qui s’est donné comme but la création d’un califat fondé sur la barbarie et l’obscurantisme. À cela s’ajoute le développement de l’opération au Sahel. En janvier dernier, trois jeunes français aveuglés par la haine et menés par le désir fou d’imposer leur vision rétrograde du monde assassinaient dix-sept de nos compatriotes. Tout cela a conduit le Gouvernement à prendre de nouvelles mesures pour assurer la protection de la France et des Français.

Je souhaite saluer les décisions prises par le Président de la République et l’engagement du ministre de la défense, qui ont permis de débloquer 3,8 milliards d’euros supplémentaires sur l’exercice de la LPM. J’insisterai pour ma part sur une mesure moins discutée, mais pourtant centrale. Lorsque l’on interroge les Français sur leurs préoccupations premières, les questions de l’emploi, notamment chez les jeunes, et de la sécurité sont prioritaires.

Le projet de loi d’actualisation de la programmation militaire offre une réponse à ces deux inquiétudes. Concernant la sécurité, il s’agit de renforcer non seulement l’excellence de nos armées et nos capacités opérationnelles, mais aussi le lien entre l’armée et la nation, lequel est vecteur de cohésion nationale.

En effet, lors des discussions sur le rétablissement du service militaire universel ou sur l’extension du service civique, les Français ont rappelé leur attachement aux valeurs et au savoir-être que dispensent nos armées. À ceux qui souhaiteraient réintroduire un service militaire obligatoire, je réponds que ce souhait est totalement inadapté aux enjeux actuels. Mobiliser pour six mois 700 000 jeunes serait un retour en arrière flagrant et budgétairement insoutenable.

En revanche, le déploiement du service militaire volontaire et le renforcement des réserves militaires, opérationnelles et citoyennes répondent plus efficacement aux besoins du pays et aux aspirations des Français. Nous sommes nombreux sur les bancs de cette assemblée à insister sur la nécessité de renforcer le lien entre l’armée et la nation et de diffuser l’esprit de défense parmi nos concitoyens. Ces dispositifs répondent à ces objectifs et devraient, à mon avis, faire consensus.

Les articles 17 et 18 du projet de loi mettent en place le cadre légal et budgétaire pour le développement d’un service militaire volontaire en métropole, inspiré du SMA, le service militaire adapté en place depuis 1961 dans les territoires d’outre-mer.

En tant que rapporteur, avec ma collègue Marianne Dubois, de la mission d’information sur le bilan et la mise en perspective des dispositifs citoyens du ministère de la défense, j’ai eu l’occasion non seulement d’auditionner les responsables du SMA, mais également d’observer in situ la réussite de ce dernier, à l’occasion de la visite d’un centre. Cette réussite repose notamment sur une formation militaire initiale qui permet d’apprendre les savoir-être, particulièrement recherchés et valorisés par les recruteurs de nos entreprises et services.

La LPM offre un cadre législatif à l’expérimentation du service militaire volontaire, qui doit débuter en septembre 2015 et durer deux ans. Le projet prévoit, à terme, l’ouverture de sept centres dans toute la France afin d’accueillir 2 000 jeunes filles et garçons, âgés de 17 à 26 ans, pour une durée de six à douze mois. Le service militaire volontaire offrira aux jeunes stagiaires une formation citoyenne et comportementale encadrée par des militaires, une remise à niveau scolaire, la possibilité de passer le permis de conduire et d’accéder à des formations professionnalisantes. Ces jeunes pourraient également participer à des missions d’intérêt public lors de leur formation. En ce qui concerne le coeur du dispositif, c’est-à-dire la formation professionnelle, il importe de préciser que les missions seront adaptées aux besoins des services et entreprises locaux, ou du moins se concentreront sur des formations particulières, avec des débouchés assurés.

Les dispositifs que sont le service militaire volontaire et les réserves militaires, opérationnelles et citoyennes renforceront le lien entre l’armée et la nation. Cet attachement, dont le Livre blanc de 2013 soulignait l’importance, vise à renforcer la diffusion de l’esprit de défense, notamment en direction d’une classe d’âge qui a parfois des difficultés à trouver ses repères dans notre société.

Monsieur le ministre, vous avez, à mon avis, répondu très concrètement aux préoccupations de la nation, et je tenais à vous en remercier. Je pense qu’une majorité de parlementaires votera ce texte si important non seulement pour notre pays, pour la défense nationale, mais aussi pour la défense de l’Europe.

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