Intervention de Jean-Paul Chanteguet

Réunion du 26 mai 2015 à 17h15
Commission du développement durable et de l'aménagement du territoire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Paul Chanteguet, président :

Je veux raconter une histoire à laquelle le rapport fait allusion. Il y a quelques années, les responsables la ligne Paris-Orléans-Limoges-Toulouse (POLT) avaient formé un projet de TGV pendulaire, qui était réglé sur le plan technique, administratif et financier. En 2003, un comité interministériel d'aménagement du territoire a décidé de l'abandonner. Le ministre des transports était alors Dominique Bussereau. Lors d'une réunion au ministère à laquelle j'ai participé, un représentant de la SNCF assurait qu'à partir de Paris, on rejoindrait désormais Toulouse par Bordeaux et non plus par la ligne POLT. Dont acte. Quelques années plus tard, on a vu apparaître un projet de TGV entre Poitiers et Limoges, dont le coût est estimé à 2,3 milliards d'euros. Si le projet voit le jour, il portera un coup fatal à la radiale POLT, que le rapport préconise de renforcer. Alors que le Conseil d'État a émis un avis réservé sur la déclaration d'utilité publique, le décret de déclaration d'utilité publique a été publié il y a quelques mois.

Voici ce qu'on peut lire à la page 45 du rapport : « Une vision ambitieuse pour la ligne POLT serait de nature à apporter une réponse aux besoins de mobilité exprimés par l'ensemble des agglomérations et territoires traversés par la ligne. De ce point de vue, elle peut constituer une alternative au projet de ligne à grande vitesse Poitiers-Limoges qui n'apporterait des gains de temps de parcours ne bénéficiant qu'à Limoges et aux territoires plus au Sud. Ce projet de ligne nouvelle entraînerait surtout de facto la fin de la ligne POLT au sens de radiale structurante. De surcroît, cette ligne à grande vitesse ne pourrait permettre de faire l'économie des investissements nécessaires au maintien en l'état de l'infrastructure de la ligne classique (1,5 milliard d'euros), et au renouvellement à terme du matériel roulant malgré cette perte du caractère structurant de la ligne classique Paris-Limoges. Au final, l'estimation globale de l'investissement sur le barreau LGV et sur la ligne POLT s'élèverait à environ 3,8 milliards d'euros. »

Collectivement, nous sommes tous responsables. Demain, si l'on veut financer la ligne LGV Poitiers-Limoges, il faudra que RFF apporte 400 millions et l'État 400 millions, que l'AFITF n'a pas. La situation est inextricable. On a continué à inscrire des crédits pour cette ligne dans le contrat de plan entre la région Limousin et l'État, comme on continue à le faire, pour financer la ligne POLT, dans le contrat de plan entre la région Centre et l'État. Quelle que soit sa sensibilité politique, le Gouvernement fait, dans le temps, des choix inconséquents. Je me réjouis donc que M. Philippe Duron défende une position pleine de bon sens, qui, je l'espère, l'emportera.

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