Intervention de Jean-Yves le Drian

Réunion du 20 mai 2015 à 16h30
Commission de la défense nationale et des forces armées

Jean-Yves le Drian, ministre de la Défense :

Vous pourrez également vous rendre à Brétigny-sur-Orge ou à Montigny-lès-Metz à partir d'octobre prochain. En tout cas, nous ne nous inscrivons pas du tout dans une logique de retour au service national.

L'opération Sentinelle a été confiée aux forces armées parce qu'elle concerne la sécurité globale du pays. Il y a une continuité entre protection intérieure et protection extérieure, et il faut une armée professionnelle pour répondre aux risques et aux menaces auxquels la France est confrontée. Les forces armées, je le répète, ne sont pas des supplétifs qui font le planton – le terme n'est pas péjoratif – pour venir en appui aux gendarmes et aux policiers. Demain, il y aura peut-être une autre mission que Sentinelle, mais elle restera militaire.

D'autres choix étaient possibles. Des responsables politiques et d'autres personnalités ont proposé la création d'une garde nationale ou d'une réserve territoriale massive. Le Président de la République a tranché en faveur de la solution que je préconisais.

Après les événements du mois de janvier, dans l'urgence, nous avons mis en oeuvre le contrat opérationnel qui prévoyait la mobilisation de 7 000 hommes dans des délais réduits. Désormais, nous nous inscrivons dans une nouvelle logique, car les menaces demeurent, y compris sur notre territoire, ainsi que l'explique régulièrement le ministre de l'Intérieur. Nous devons donc poursuivre notre mission de protection.

Cela signifie qu'un soldat du 8e RPIMA de Castres, par exemple, pourra être affecté successivement, pour une période donnée, à une opération extérieure telle que Barkhane, puis à l'opération Titan à Kourou, puis à la protection de l'aéroport d'Orly, de telle mosquée ou de telle école juive en région parisienne ou ailleurs sur le territoire national. Cela reste un même métier, qui suppose une préparation diversifiée, mais dont les différents éléments sont complémentaires. Je donne souvent l'exemple significatif de la tentative d'attentat déjouée à Nice en février dernier : si les soldats du 54e RA régiment d'Hyères qui ont alors été menacés et blessés à l'arme blanche n'avaient pas été des professionnels expérimentés, ils auraient tiré. Nous devons assimiler la nouvelle mission de protection qui est confiée à nos forces armées. Elle contribue certes à rassurer les Français, mais son objectif est bien plus large.

Monsieur Candelier, le CIVEN ne relève plus de ma compétence, mais de celle du Premier ministre. À la demande des acteurs, il est devenu une autorité administrative indépendante, évolution que j'ai moi-même soutenue devant le Parlement (c'était un amendement de la sénatrice Corinne Bouchoux).

Monsieur Folliot, l'accident de l'A400M survenu à Séville est préoccupant. Nous disposons de six A400M, qui totalisent 1 700 heures de vol. Par mesure de prudence, nous avons jugé nécessaire de réduire leur activité au minimum, mais je n'ai pas pris la décision d'arrêter les vols, contrairement aux autorités allemandes, espagnoles et turques, car ces appareils nous servent dans le cadre de nos opérations extérieures.

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