Intervention de Denis Baupin

Séance en hémicycle du 19 mai 2015 à 21h30
Transition énergétique — Article 1er

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaDenis Baupin, rapporteur de la commission spéciale :

S’agissant, ensuite, de l’impossibilité d’abaisser la production d’origine nucléaire à 50 % à l’horizon de 2025, je me permets de vous retourner la question.

Quelle est la possibilité réelle de maintenir la part de production nucléaire à 75 % en 2025 dans notre pays quand l’autorité de sûreté nucléaire elle-même assure que nous n’avons absolument aucune garantie que la durée de vie de n’importe quel réacteur nucléaire puisse excéder 40 ans ?

Par ailleurs, nous sommes incapables de construire de nouveaux réacteurs nucléaires en France, comme nous le constatons avec l’EPR.

Si un jour, peut-être, nous construisons un nouveau réacteur, quel sera le coût de l’électricité compte tenu du contrat qu’EDF a d’ores et déjà conclu avec la Grande Bretagne concernant Hinkley Point, le prix de l’électricité produite dans cette centrale devant être le double du prix actuel dans ce pays ?

Même si l’autorité de sûreté nucléaire autorisait la prolongation de centrales nucléaires en France au-delà de quarante ans, quel en serait là encore le coût ? Le grand carénage, d’ores et déjà, coûte 110 milliards d’euros – c’est le chiffre qui a été rendu public par la Cour des comptes lors de la commission d’enquête sur les coûts du nucléaire.

Et cela, encore, ne tient pas compte du coût de la prolongation, c’est-à-dire de l’augmentation des coûts d’investissements nécessaires puisque l’autorité de sûreté nucléaire a d’ores et déjà assuré que le référentiel de sûreté pour la prolongation équivaudrait à celui des EPR, le coût des équipements supplémentaires pouvant être quant à lui chiffré entre un et quatre milliards par réacteur.

Nous le constatons : l’évaluation d’une part du nucléaire s’élevant à 75 % en 2025 est purement hypothétique.

La question qui se pose, c’est de disposer d’un plan B – et pas seulement en raison des convictions des uns et des autres sur le nucléaire mais en responsabilité, en tant que responsables politiques qui devons définir la capacité de la France à produire l’électricité dont elle a besoin.

Le plan B, justement, c’est le compromis qui a été passé visant à ce que la part du nucléaire se situe à 50 % en 2025, c’est-à-dire qu’une forme de diversification soit effective. Comme Mme la rapporteure l’a dit il y a quelques instants, il ne faut pas mettre tous nos oeufs dans le même panier.

C’est bien évidemment pourquoi nous défendons ce compromis et appelons à rejeter tous vos amendements.

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