Intervention de Dr Michel Nicolle

Réunion du 6 mai 2015 à 9h00
Commission du développement durable et de l'aménagement du territoire

Dr Michel Nicolle, de l'association « Alerte des Médecins sur les Pesticides » :

Madame Laurence Abeille, vous avez raison : le temps n'est plus aux études mais aux décisions en ce qui concerne les abeilles. Il existe très peu d'études portant sur les effets des néonicotinoïdes sur l'homme. Dans l'avis de l'EFSA sur la neurotoxicité de l'imidaclopride et de l'acétamipride, il y a 109 références bibliographiques. Douze concernent des mammifères et trois seulement concernent l'homme ; encore s'agit-il d'accidents d'intoxication aiguë, ce qui nous est d'une faible utilité. J'ai repris toute la bibliographie depuis dix ans. Il y a eu quarante-deux publications sur les mammifères, quatorze sur des modèles humains, dont sept depuis trois ans. La majorité sont des études japonaises. Nous n'avons sans doute pas besoin de plus d'études sur les insectes, mais il y a encore beaucoup d'inconnues quant aux effets de ces produits sur l'homme.

J'en viens à la question de M. Yves Albarello sur les dégâts collatéraux pour l'homme. La publication de Mme Kumiko Taira, qui date de l'année dernière, est intéressante parce qu'elle montre des signes d'intoxication par les néonicotinoïdes, mais ce sont des signes très polymorphes, très peu spécifiques et peu durables. En effet, les néonicotinoïdes ne sont pas bio-accumulables, c'est-à-dire que les signes disparaissent au bout de quinze jours d'éloignement de la source ou de quinze jours de changement d'alimentation. Les signes sont les suivants : céphalées, tremblements, difficultés de concentration, troubles de la mémoire, douleurs musculaires, difficultés d'accommodation oculaire, troubles du rythme cardiaque, palpitations. Il serait très important que les médecins et les patients puissent repérer ces petits signaux, car nous manquons de données, et je pense que l'ANSES serait très preneuse d'informations que pourraient leur fournir les médecins.

Une étude indique ceci : « On a repéré que c'était la fixation du groupement imidazole sur les récepteurs de la thyroïde qui entraîne un problème. » Il serait nécessaire d'effectuer un travail de recherche beaucoup plus important en matière de perturbation endocrinienne, sujet qui est d'ailleurs d'une extrême actualité. L'imidaclopride est vraiment en première ligne sur ce sujet. Pour notre part, nous ferons remonter tout ce que nous venons de dire au directeur général de la santé pour qu'il prenne les décisions nécessaires en matière de recherche, mais je crois que des décisions politiques peuvent déjà être prises eu égard à toutes les études qui ont été conduites sur les insectes.

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