Intervention de Geneviève Gaillard

Réunion du 6 mai 2015 à 9h00
Commission du développement durable et de l'aménagement du territoire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaGeneviève Gaillard :

Je remercie notre président d'avoir organisé cette table ronde sur un sujet qui nous préoccupe beaucoup, celui de l'effondrement du nombre de colonies d'abeilles et, plus largement, de la diminution de la population d'insectes pollinisateurs. C'est en 2008 que nous avons commencé à prendre la mesure de ce problème qui remet en cause la production française de miel, mais aussi le travail des apiculteurs, qu'ils soient professionnels ou amateurs. Deux rapports publiés cette année-là ont en effet retenu notre attention : d'une part, celui de l'ANSES sur la mortalité des abeilles, d'autre part, celui rendu par notre collègue Martial Saddier, qui émettait déjà des préconisations visant à enrayer ce fléau.

Depuis, on ne peut pas dire que les choses aient évolué dans le bon sens : bien au contraire, la situation est aujourd'hui dramatique. Certes, quelques mesures ont été prises, notamment le moratoire décidé au sujet des substances néonicotinoïdes, mais elles n'ont pas suffi à ralentir le processus de disparition des abeilles. Aujourd'hui, on sait que les néonicotinoïdes ont, en plus de leur action létale directe, des effets aggravants rendant les abeilles plus fragiles, notamment face aux parasites tels que le varroa.

En février 2015, le Sénat a débattu, à l'initiative de Joël Labbé, d'une proposition de résolution visant à obtenir un moratoire européen sur les pesticides néonicotinoïdes, mais a repoussé cette proposition. À l'Assemblée nationale, dans le cadre de la loi biodiversité, nos collègues Delphine Batho, Gérard Bapt et Laurence Abeille ont présenté, avec mon soutien, un amendement visant à interdire les néonicotinoïdes, qui a été adopté.

Aujourd'hui, on se demande comment aller plus loin, et je m'étonne de l'impossibilité apparente d'avancer sur le sujet, alors qu'il est établi que ces produits sont de nature à fragiliser les abeilles et à entraîner des pertes considérables. Faut-il y voir l'action de certains lobbys, notamment ceux des laboratoires produisant les néonicotinoïdes ? Il faut bien se poser la question.

Je m'interroge également sur les évaluations. Actuellement, on estime la toxicité des pesticides sur les abeilles en fonction de leur DL50. Ce critère est-il vraiment pertinent, et ne devrions-nous pas rechercher d'autres moyens de mesurer l'impact des néonicotinoïdes sur les pollinisateurs ? Cela pose une autre question, celle des moyens alloués à la recherche dans ce domaine. Le plan qui avait été mis en place par Stéphane Le Foll en 2013 prévoyait, me semble-t-il, d'y affecter 40 millions d'euros. Cette somme vous paraît-elle suffisante ?

Je trouve incompréhensible que l'Europe continue à autoriser l'utilisation du glyphosate alors que l'OMS a affirmé que ce pesticide était cancérigène. Sans doute la solution que nous recherchons passe-t-elle par un engagement des agriculteurs à modifier leurs pratiques afin d'utiliser moins de pesticides, dans des conditions peut-être plus encadrées. La profession est-elle disposée à avancer dans ce sens, et sous quelle échéance ? Si l'on n'agit pas rapidement, demain nous n'aurons plus que nos yeux pour pleurer.

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