Intervention de général Jean-Pierre Bosser

Réunion du 18 mars 2015 à 9h30
Commission de la défense nationale et des forces armées

général Jean-Pierre Bosser, chef d'état-major de l'armée de terre :

Le coût de Sentinelle est d'un million d'euros par jour.

J'en viens à l'articulation entre forces conventionnelles et forces spéciales. Dans le cadre du nouveau modèle, j'identifie un pilier dédié aux forces spéciales. Il s'agit d'un vrai choix, qui décrit mieux une armée de terre avec, d'une part, une capacité affichée en organisation de forces spéciales et, d'autre part, une capacité affichée en forces « classiques ». Par le passé, les deux étaient mélangées. J'ai l'intention de renforcer ce pilier forces spéciales avec un groupement d'appui aux forces spéciales. Ce groupement ira puiser dans les forces conventionnelles les savoir-faire dont les forces spéciales pourraient avoir besoin : démineurs, chiens, observateurs dans la profondeur, etc.

Comme je vous, je prône une complémentarité plus importante entre ces deux forces. J'estime que bon nombre d'actions peuvent être menées par les forces conventionnelles – des actions simples comme des embuscades ou des patrouilles sur zone pour imposer à l'ennemi de modifier ses itinéraires –, en laissant aux forces spéciales l'action finale lorsqu'elle requiert des savoir-faire très spécifiques de jour comme de nuit, par hélicoptère, etc. Les deux espaces se nourrissent l'un l'autre : les forces conventionnelles sont le vivier des forces spéciales. C'est vrai pour toutes les spécialités, comme les pilotes d'hélicoptère par exemple.

Je souhaiterais dire un mot sur les risques psychosociaux et la gestion du stress post-traumatique. Le sas qui a été fermé à Chypre et qui est temporairement ouvert au Sénégal sera maintenu, sur un lieu qui reste à définir. Nous maintenons le sas, dont tout le monde s'accorde à dire qu'il est indispensable au retour d'opération. Nous venons aussi de conclure une convention avec l'Office national des anciens combattants et victimes de guerre (ONACVG). En effet, nous nous sommes aperçus que nous suivons très bien nos soldats tant qu'ils restent au sein de l'institution, nous en perdons la trace lorsqu'il la quitte. Nous organisons donc un relais territorial avec l'ONACVG, à qui nous souhaiterions transmettre les dossiers en particulier de nos blessés pour qu'ils soient en contact avec une personne leur permettant de garder un lien avec la Défense. Vous savez également l'action que mène le ministre pour la médaille des blessés, ce qui est extrêmement important en termes de reconnaissance.

Par ailleurs, nous menons des actions très efficaces grâce à la guérison par le sport. Certains de nos blessés rentrent des États-Unis où ils ont participé à une compétition organisée par les marines et où ils ont remporté de nombreuses médailles. Ils ont également participé aux Invictus Games en Grande-Bretagne. Je souhaiterais prolonger cette guérison par le sport par une guérison par l'emploi. À ce titre, je noue des relations avec Renault Trucks Defense et Michelin, entreprises dont je salue l'engagement à nos côtés et qui se proposent de recruter des soldats blessés en opérations et victimes de blessures invisibles.

M. Audibert-Troin m'a interrogé sur la participation de l'armée de terre aux mesures dites « de réassurance » à l'est de l'Europe, mises en oeuvre notamment en Pologne, sur fond d'affrontements en Ukraine. Rien n'est arrêté aujourd'hui pour les opérations prévues en Pologne avant ou après l'été prochain : les discussions sont en cours.

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