Intervention de général Jean-Pierre Bosser

Réunion du 18 mars 2015 à 9h30
Commission de la défense nationale et des forces armées

général Jean-Pierre Bosser, chef d'état-major de l'armée de terre :

Lors de mon audition sur le projet de loi de finances, nous étions dans un scénario de compression des effectifs. La manoeuvre que j'avais imaginée était de partir d'un projet, d'en déduire un modèle « de raison » puis d'en décliner une maquette qui serait celle des ressources. C'est un sujet que j'ai abordé avec le Président de la République lorsqu'il m'a reçu le 17 novembre et m'a demandé quel pourrait être mon modèle pour l'armée de terre. Je lui ai répondu que le modèle délimitait un horizon-seuil que j'estimais avant l'opération Sentinelle, à 100 000 hommes, en lui précisant qu'il s'agissait d'un seuil critique.

Deux éléments ont été pris en compte dans la réflexion. La nécessité d'un modèle plus adapté à la menace tout d'abord. L'armée de terre dont nous disposons actuellement a vingt ans et l'on voit bien aujourd'hui que dans les opérations des capacités opérationnelles comme les forces spéciales, l'aéromobilité, le renseignement et le cyber sont aujourd'hui prégnantes. Il a donc fallu imaginer une organisation qui corresponde bien à notre stratégie et non pas avoir une stratégie qui s'adapte à une organisation décalée. Ce modèle de la raison était la première ambition permettant de décrire aux décideurs politiques le modèle « terre » dont la France a besoin pour répondre à la réalité des opérations extérieures ainsi qu'à celle des opérations intérieures.

Sur la question des ressources, le Président de la République a rappelé à plusieurs reprises que les engagements en termes de budget seraient tenus. Le seuil critique à 100 000 hommes correspond au contrat opérationnel du Livre blanc, or avec l'opération Sentinelle dans la durée, nous sommes plus proches d'un besoin en effectifs de 110 000 hommes. En effet, si l'on a l'ambition de maintenir 12 000 hommes à l'extérieur de l'hexagone, tout en ayant 7 000 hommes déployés dans la durée sur le territoire national, le seuil critique évolue. De fait, l'armée de terre comprend qu'elle doit faire avec les ressources financières que la Nation peut dégager. Ma réflexion intègre la soutenabilité financière en articulant le projet autour des deux horizons que constituent le modèle du besoin et la maquette des ressources.

S'agissant des équipements, l'armée de terre n'a jamais été aussi bien équipée qu'elle ne l'est aujourd'hui pour intervenir en opération extérieure. Le programme SCORPION est certes étalé dans le temps, mais nous demeurons une des armées les mieux équipées au monde et nous faisons envie à nos camarades étrangers. Évidemment, nous n'avons probablement pas assez de matériels et pas livrés suffisamment rapidement, mais nous avons toutefois la chance de bénéficier de leur renouvellement avec des équipements d'excellente qualité, tels que FELIN, le Tigre, le VBCI ou les CAIMAN. Nous avons également du matériel ancien dont personne n'imaginait qu'il puisse rendre de tels services. Je voudrais donc rendre hommage à nos industriels de défense. La vision programmatique intégrée entre les militaires et ces industriels débouche à cet égard sur des résultats extraordinaires. À titre d'exemple, le véhicule de l'avant blindé (VAB), pourtant critiqué, nous a évité de perdre beaucoup de soldats en Afghanistan compte tenu de sa capacité de protection remarquable qui va au-delà de la simple fonction de transport de troupes.

Le nouveau modèle proposé pour l'armée de terre ne résoudra pas tous les problèmes mais il permettra de veiller à l'adéquation entre besoins et ressources, qui constitue finalement le coeur du sujet.

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