Intervention de Marianne Dubois

Réunion du 15 avril 2015 à 10h30
Commission de la défense nationale et des forces armées

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMarianne Dubois, rapporteure :

Après avoir visité l'établissement public d'insertion de la défense (EPIDe) d'Alençon en février, nous nous sommes rendus à La Réunion la semaine dernière, où nous avons visité le régiment du service militaire adapté (SMA). Nous y avons été extrêmement bien accueillis et particulièrement séduits par le dispositif.

De quoi s'agit-il ?

Vous le savez le général Loiacano, commandant le SMA, nous l'a présenté ici-même en février dernier : le SEMA propose à des jeunes volontaires, sortis du système scolaire sans qualification, des parcours de formation citoyenne, professionnelle et de remise à niveau scolaire, pendant six à douze mois, sous un statut militaire.

Les stagiaires reçoivent d'abord une formation militaire assez rudimentaire d'un mois qui leur permet de reprendre confiance en eux, d'apprendre la vie en collectivité, de se soumettre à des règles, bref, de disposer de tous les « savoir être » indispensables à la réussite de tout parcours d'insertion.

Ils suivent ensuite une formation professionnelle de cinq à onze mois en fonction de la spécialité choisie au moment de leur engagement. Les spécialités enseignées sont très variées : métiers du bâtiment, menuiserie, conducteurs, agroalimentaire, aide à la personne, restauration, agent de sécurité ou encore animateur de sports ou de loisir…

Pour dispenser ces formations, l'armée recrute des engagés volontaires disposant des qualifications requises, pour des durées assez courtes, trois ou quatre ans. Ces engagés volontaires sont épaulés par des volontaires techniciens, souvent des anciens stagiaires du SMA, qui peuvent à cette occasion bénéficier d'une première expérience professionnelle, d'un à cinq ans. Si tous servent sous statut militaire, les militaires d'active, pour la plupart issus des troupes de marine, sont quant à eux chargés de la vie courante, de la cohésion et de la discipline.

Nous avons pu visiter les installations du régiment du SMA de La Réunion. Il dispose de trois sites et d'installations de grande qualité : ateliers de menuiserie, de mécanique, restaurants écoles, abattoirs, chantiers, etc.

La réussite du dispositif repose sur trois piliers.

Le pilotage par les armées elles-mêmes, tout d'abord. Les armées, nous le savons tous, disposent d'un grand savoir-faire en matière d'apprentissage de la vie en collectivité, de dépassement de soi et de cohésion de groupe. C'est bien cette discipline que les jeunes viennent chercher, les stagiaires que nous avons rencontrés l'ont tous souligné. Le but n'est pas d'en faire des militaires, seule une très faible minorité, 5 à 6 %, s'engageant dans l'armée ensuite, mais ce cadre militaire est très structurant pour eux.

Le dispositif est très souple, ensuite. Les armées recrutent des spécialistes pour dispenser les formations et peuvent donc adapter très facilement leur offre aux évolutions du marché de l'emploi local. En outre, les régiments du SMA sont des régiments « à l'ancienne », c'est-à-dire qu'ils ne sont pas rattachés à une base de défense. Cela permet au commandant d'effectuer les travaux d'infrastructure avec une grande réactivité. Nous avons pu constater la qualité des sites de La Réunion, dont beaucoup de bâtiments sont sortis de terre au cours de ces dernières années.

Enfin, et cela est fondamental, la région et la préfecture jouent un rôle très important dans le bon fonctionnement du dispositif. La coordination avec ces acteurs permet d'ajuster les offres de formation aux besoins du bassin local d'emploi – le SMA fait par exemple monter en puissance ses formations dans les domaines du tourisme et l'aide à la personne – et de prendre en considération les autres dispositifs d'insertion existants : emplois d'avenir, contrats en alternance et contrats aidés, afin qu'ils ne se chevauchent pas.

En définitive, alors qu'il vient de fêter ses cinquante ans le SMA est une réussite. Il bénéficie d'une très bonne image auprès de la population réunionnaise et est reconnu de tous. Les stagiaires peuvent participer, à condition que cela s'insère dans leur parcours de formation, à des travaux d'intérêt général au profit de la collectivité, grâce à un partenariat entre le SMA, la préfecture et les collectivités locales. Grâce à leur formation militaire, ils peuvent également être mobilisés en cas de crise ou catastrophe naturelle – même si, encore une fois, leur formation militaire demeure assez sommaire.

1 000 stagiaires sont accueillis chaque année à La Réunion et leur taux d'insertion était de 73,5 % en 2014 : soit en emploi direct, soit en poursuite de formation, soit en contrat d'alternance.

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