Intervention de Lieutenant-colonel Emmanuel Gerber

Réunion du 5 mars 2015 à 10h00
Commission d'enquête sur les missions et modalités du maintien de l'ordre républicain dans un contexte de respect des libertés publiques et du droit de manifestation, ainsi que de protection des personnes et des biens

Lieutenant-colonel Emmanuel Gerber, groupement III/3 de gendarmerie mobile de Nantes :

L'invitation de votre commission d'enquête, dont je tiens à remercier tous les membres, est un honneur pour nous. Après m'être brièvement présenté, j'esquisserai un tableau de la situation à Notre-Dame-des-Landes.

Commandant du groupement de gendarmerie mobile de Nantes depuis août 2012, j'ai derrière moi trente-deux ans d'une carrière commencée dans l'armée de terre. Elle s'est ensuite poursuivie, dans sa quasi-totalité, au sein de la gendarmerie, où j'ai occupé plusieurs postes de commandement en métropole et en opérations extérieures.

Le projet d'aéroport à Notre-Dame-des-Landes vise une zone occupée par cinq communes, à vingt kilomètres au nord-ouest de Nantes. Cette zone, qui s'étend sur vingt kilomètres en longueur et cinq en largeur, est essentiellement constituée de bocages et de bois. Elle est desservie par de petites routes départementales et des chemins. Cette topographie ne facilite pas l'action des forces de l'ordre, mais, à l'inverse, offre un cadre propice aux opposants. Au cours des opérations menées d'octobre 2012 à avril 2013, nous avons pu identifier, parmi eux, trois types essentiels : les quelque 200 radicaux qui, ignorant les décisions de l'État et rejetant toutes les valeurs, se montrent d'une grande violence qui s'accroît encore ; les associations, notamment d'agriculteurs, qui, même s'ils peuvent aussi faire preuve de violence et freiner l'action des forces de l'ordre, ne sont pas les plus virulents ; les « Robin de bois », autrement dit des défenseurs de l'environnement, retranchés dans des constructions en bois dans les arbres, ce qui ne facilitait pas non plus notre tâche. Le climat humide la rendait plus difficile encore, de même que sa durée, qui nous a cependant permis de mener à bien l'ensemble de nos missions.

L'opération « César 44 », commencée début octobre et achevée fin novembre, s'est déroulée en trois phases ; elle venait en appui d'actions d'huissiers chargés d'appliquer des ordonnances judiciaires. Un autre dispositif s'est ensuite installé dans la durée afin de sécuriser deux carrefours stratégiques de routes départementales et d'assurer la viabilité d'un axe nord-sud.

Enfin, l'une des particularités de la zone est de recouvrir deux ressorts judiciaires, séparés par le chemin de Suez : celui du tribunal de grande instance de Saint-Nazaire et celui du tribunal de grande instance de Nantes.

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