Intervention de Thierry Mariani

Réunion du 4 février 2015 à 9h00
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaThierry Mariani :

Cette zone est des plus importantes, ne serait-ce que d'un point de vue économique. Il y a 380 millions de consommateurs au sein de l'ASEAN. Mais la France est dans une position paradoxale. Gouvernement après gouvernement, de droite comme de gauche, tout le monde fait le même constat de cette importance. Je dois reconnaître que nous y sommes très présents politiquement, avec des visites de haut niveau désormais régulières, ce qui est évidemment positif. Dans le même temps, nous y sommes de plus en plus absents. Partout dans la région, si l'on met de côté Singapour, nous réduisons nos moyens. Au Vietnam, les programmes universitaires sont presque tous coupés et nous n'avons pas de centre culturel français à Ho-Chi-Minh Ville. En Malaisie, nous vendons notre ambassade et si c'est une opération que l'on peut comprendre sur le plan budgétaire, elle pose des problèmes politiques. C'est un pays où nous avons un certain rayonnement, avec lequel nous avons de très bonnes relations, dont l'armée est notre 3e ou 4e client ; mais nous bradons notre dispositif d'influence. En Thaïlande, nous ne sommes plus présents depuis le coup d'Etat, alors que nos voisins ne se gênent pas pour maintenir des relations au niveau gouvernemental. Lorsque j'étais au gouvernement, le ministère des affaires étrangères m'avait dissuadé d'aller au Vietnam pendant un an et demi, ce qui nous a fait perdre des contrats en matière de transport, parce qu'un blogueur était emprisonné. Nous fermons ou peu s'en faut notre ambassade de Brunei, pour être hébergés dans les locaux de la représentation allemande. Les effectifs du poste sont très réduits alors que Total y est extrêmement présent.

En d'autres termes, les décisions ne suivent pas les constats unanimes et les moyens déployés sur la zone ne cessent de baisser. Même l'AFD n'a plus de moyens. Nous ne sommes plus que dans la symbolique anecdotique. Un rapport de la Commission des finances sur la diplomatie culturelle et d'influence avait mis en évidence cette inadéquation flagrante entre les moyens d'influence et les marchés potentiels. Tout cela est d'autant plus regrettable qu'il faut souligner la forte implantation des communautés françaises dans la région, qui sont au total plus de 50 000 et font un travail remarquable pour faire rayonner la France, comme à la chambre de commerce de Singapour.

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