Intervention de Frank Haun

Réunion du 14 janvier 2015 à 10h00
Commission de la défense nationale et des forces armées

Frank Haun, président-directeur-général de Krauss-Maffei Wegmann :

Vous vous demandez peut-être pourquoi KMW n'achète pas d'ores et déjà des armes et des munitions à Nexter. La réponse est simple : parce que pour l'heure, nous sommes concurrents ; or on ne se fournit pas auprès d'un concurrent. Mais dès lors que nous ne serons plus concurrents mais partenaires, KMW se fournira auprès de Nexter.

On nous interroge souvent sur nos projets de développement en commun de nouveaux matériels. Le plus important, c'est la prochaine génération de chars lourds. Dans cinq ans, nous aurons avancé dans le processus de développement d'un nouveau char lourd – qu'il s'appelle Léopard 3, Leléo ou Léoclerc, peu importe : il sera développé en commun, et pourra commencer à équiper nos forces à l'horizon 2025-2030 pour remplacer les chars Leclerc et Léopard 2 dont la base technologique commence à dater. Renouveler ces matériels est indispensable : d'ailleurs, les Russes ne s'y trompent pas, et leurs travaux de développement en la matière avancent à plein régime. Pour ce faire, Nexter possède des technologies très intéressantes pour KMW, et vice-versa.

Vous évoquez, monsieur Fromion, la perspective de voir nos deux entreprises n'en former plus qu'une à l'issue du délai de cinq ans pendant lequel nous nous engageons à ne pas modifier la structure capitalistique de nos groupes. C'est exactement ce que nous voulons. Cela permettra de réduire les coûts unitaires de nos produits, tout en améliorant leur qualité, du fait de la mise en commun de nos technologies. Mais notez que cela n'implique pas de fermer des sites de production. Il y a d'ailleurs une forte chance que les implantations françaises de notre futur groupe commun se développent. Les décisions seront prises au cas par cas.

Pour ce qui est des contraintes que le contexte politique allemand pourrait faire peser sur l'activité de nos entreprises, je tiens à souligner que les choses commencent à bouger en Allemagne. Ainsi, lorsque KMW a entamé des discussions avec le nouveau Gouvernement allemand, il apparaissait qu'il y avait des réserves sur le projet KANT et sur les exportations. Mais aujourd'hui, le carnet de commandes de KMW est plus rempli que jamais et il semble qu'il y a eu une évolution sur la question des exportations… En ce qui concerne la réglementation applicable aux exportations d'armements, je suis confiant dans nos chances d'aboutir à un accord, même si le compromis qui sera trouvé ne sera pas nécessairement à la hauteur de nos espérances de départ. Mais si, dans le futur, l'on arrive à une solution aux termes de laquelle le contrôle de l'exportation d'un matériel conçu en commun relèvera du Gouvernement français dès lors que la part allemande dans leur développement n'excédera pas 20 %, cela signifie que la probabilité est forte que nous développions nos produits à 80 % en France, alors que je souhaite rester à parité. Si je suis confiant, c'est parce qu'en Allemagne, le débat sur les exportations d'armement fait beaucoup de bruit, mais qu'in fine et concrètement, il n'en demeure pas moins que par exemple le Qatar et Singapour sont aujourd'hui mes principaux clients export.

Parmi les nouveaux armements que nous développerons, trois secteurs me semblent particulièrement prometteurs : l'artillerie entièrement automatisée, les munitions intelligentes et les armements lasers – autant de domaines dans lesquels les Américains ont du souci à se faire !

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