Intervention de Bruno Le Roux

Séance en hémicycle du 13 janvier 2015 à 15h00
Hommage aux victimes des attentats

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaBruno Le Roux :

Monsieur le président, monsieur le Premier ministre, mesdames, messieurs les ministres, mes chers collègues,

il y a six jours, on a voulu toucher la France en plein coeur. Il y a six jours, on a voulu semer la discorde et la terreur.

Dix-sept de nos compatriotes ont été assassinés, vous les avez nommés, monsieur le président de l’Assemblée nationale. Ils sont nos frères, ils sont nos héros. Je veux également avoir une pensée pour ceux qui lors de cette tragédie ont été blessés. Je veux leur dire que nous pensons à eux en cet instant.

Après ces journées sanglantes, après le sursaut républicain, laïc et citoyen, que le peuple de France a su manifester dans la gravité et la fraternité, s’attirant la solidarité et la participation de très nombreuses nations à travers le monde, le temps est désormais celui de l’hommage de la Nation tout entière.

Commence également le temps du Parlement, qui est celui de la réflexion, de la décision et de l’action.

Les Français, le week-end dernier, nous ont dit leur attachement viscéral et indestructible à la République et aux valeurs qui la fondent, au premier rang desquelles la liberté et la laïcité, sans céder à la tentation de la panique, de la peur, du repli !

Quelle leçon ! Quelle fierté ! Ils nous ont dit « je suis Charlie, je suis policier, je suis juif », témoignant de l’unité de la Nation face à chacun des siens. Ils nous ont dit leur fierté d’être Français avant toute chose.

Ils savent que le monde est instable, que la menace est toujours présente, protéiforme, que la vigilance s’impose. Ils attendent de nous que nous préservions les valeurs qui sont notre bien commun, en luttant plus efficacement encore contre ces terroristes, qui ont frappé si durement au coeur même de notre pays, dans sa capitale.

Ils attendent que nous le fassions ensemble, nous tous sur ces bancs, conscients chacun individuellement, je n’en doute pas, de notre responsabilité historique.

Mes chers collègues, travaillons ensemble – les événements le commandent – pour rendre toujours plus efficaces nos dispositifs de lutte contre cette internationale du crime sous prétexte religieux, sans a priori, mais sans rien sacrifier de nos libertés.

Travaillons ensemble pour accompagner nos forces, engagées, hors de nos frontières pour lutter contre les foyers djihadistes qui menacent le monde, au premier rang duquel les peuples musulmans eux-mêmes.

Mais aussi, travaillons ensemble pour que notre société ne fabrique pas en son sein ces « égarés de la République », qui cèdent à la haine et à la pulsion de mort, à la barbarie et à l’antisémitisme.

Travaillons ensemble pour que l’école soit pour chaque enfant le lieu par excellence de la transmission des valeurs de la République et pour accompagner les maîtres dans l’exercice de leur métier.

Travaillons ensemble pour redonner toujours à la laïcité la dimension protectrice qui est la sienne et en montrer l’absolue nécessité pour le respect de chacun.

Travaillons ensemble pour condamner tous les amalgames et donner force à la communauté nationale, qui fait toute leur place aux juifs de France, aux musulmans de France, aux catholiques de France, aux athées de France, mais qui refuse tout communautarisme.

Et puis, travaillons ensemble pour prendre appui sur ce véritable élan populaire, cet esprit du 11 janvier qui restera inscrit dans les consciences, pour précisément redonner du sens à la République et aux valeurs qui la fondent et rappeler qu’il n’y a qu’une loi en France : celle votée par les représentants du peuple, et qu’elle vaut partout. Personne ne peut s’en exonérer – aucun petit voyou, aucun esprit malade, aucun prédicateur de mort qui placerait je ne sais quelle parole ou quelle loi au-dessus de nos lois.

Et, ensemble, n’oublions pas que, toujours, les ferments de la division et de l’exclusion qui travaillent notre société sont là, prêts à prendre, quand ce n’est pas déjà fait, les coeurs et les esprits. Il y a une pédagogie de la République à réinventer pour que chacun porte nos valeurs communes.

Mes chers collègues, travaillons ensemble avec détermination. Ce travail, conduisons-le dans la clarté et dans la responsabilité – en tant que majorité nous exercerons la nôtre –, mais sans confusion, sans surenchère, sans posture, sans réflexe grégaire.

Monsieur le Premier ministre, vous nous trouverez présents pour renforcer toujours ce qui permet de prévenir et de mieux renseigner. Vous nous trouverez toujours présents pour soutenir l’action de nos forces dans le monde pour protéger la démocratie et la liberté. Nous avons tous au coeur et à l’esprit le bien commun et la sécurité de la Nation pour que vivent les valeurs qui fondent notre République et pour que la mémoire des dix-sept victimes de ces premiers jours de janvier 2015 soit pleinement et pour longtemps honorée.

Hommage leur soit rendu ! Au nom de mon groupe, je veux dire notre compassion, notre solidarité avec les familles et notre détermination à agir.

1 commentaire :

Le 14/01/2015 à 08:56, laïc a dit :

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"Travaillons ensemble pour condamner tous les amalgames et donner force à la communauté nationale, qui fait toute leur place aux juifs de France, aux musulmans de France, aux catholiques de France, aux athées de France, mais qui refuse tout communautarisme."

Reconnaître de la sorte les identités collectives religieuses ou non, c'est déjà donner réalité au communautarisme dénoncé...

En plus, être athée, ce n'est pas faire parti d'une communauté, c'est un choix personnel qui n'engage que l'individu, il n'y a pas de clergé athée.

Donc mettre sur le même plan l'athée et le croyant défini est une erreur.

Vous trouvez ce commentaire constructif : non neutre oui

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