Intervention de Denis Baupin

Réunion du 26 novembre 2014 à 9h30
Commission des affaires économiques

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaDenis Baupin :

Après vous avoir écouté, je reste quelque peu sur ma faim. Pour autant, je ne suis pas complètement surpris par la situation que vous décrivez. Je me souviens que M. Oursel, lors de son audition par la commission d'enquête sur les coûts de la filière nucléaire, avait évoqué l'érosion de la rentabilité économique dans le domaine du nucléaire, nécessairement pénalisante pour une entreprise comme la vôtre.

La part du nucléaire dans la production d'électricité mondiale est passée en quelques années de 18 à 11 %. Il faut y ajouter les conséquences de l'accident de Fukushima – 60 % des réacteurs ne redémarreront pas compte tenu des exigences nouvelles en matière de sûreté – et les choix énergétiques de l'Allemagne.

Cette réalité ne peut que connaître une traduction difficile pour une entreprise presque exclusivement concentrée sur le nucléaire. C'est pourquoi je plaide, depuis longtemps, pour une diversification d'Areva, qui, pour l'heure, a été très prudemment initiée.

Dans ces conditions, est-il pertinent de continuer l'EPR ? La presse s'est fait l'écho de ce questionnement. Les coûts du projet de Flamanville ont été multipliés par trois, comme pour l'EPR finlandais, et les difficultés s'accumulent. L'argument de la tête de série est régulièrement avancé pour justifier ce dépassement exceptionnel.

À Flamanville, la date officielle de mise en service a été fixée à 2017 mais le problème du contrôle commande n'est toujours pas réglé. Ce système étant différent en Finlande, peut-on vraiment espérer un effet tête de série ?

Jean-Bernard Lévy a dit hier sa préférence pour la mise au point de nouveaux réacteurs de 1 000 mégawatts. On peut donc s'interroger sur la lisibilité de la stratégie EPR.

S'agissant de Hinkley Point, Areva est supposé être actionnaire à hauteur de 10 % du projet. Si l'entreprise n'a plus la capacité financière requise, quelles en seront les conséquences pour le tour de table financier ? Cela ne sera pas sans effet sur l'endettement de deux entreprises – EDF et Areva – qui sont toutes deux adossées à l'État.

Enfin, Areva n'échappe pas au survol par des drones, en l'espèce des piscines de la Hague. Dès lors que la possibilité d'une agression extérieure est sérieusement envisagée, la question de la sécurité des piscines est posée. Je rappelle que ces piscines contiennent l'équivalent en combustible de cent réacteurs nucléaires. Quel serait l'impact d'une agression extérieure ? La bunkérisation des piscines, évoquée aussi bien par Francis Rol-Tanguy que par Pierre-Franck Chevet, est-elle à l'ordre du jour ?

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion