Intervention de Rémy Pflimlin

Réunion du 25 novembre 2014 à 17h30
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Rémy Pflimlin, président de France Télévisions :

Monsieur Rogemont, le passage à l'entreprise unique représente un processus de longue haleine sur lequel nous travaillons depuis trois ou quatre ans. Si nous ne sommes pas encore au bout du chemin, nous avons bien avancé et disposons désormais d'un système financier et social unique et d'outils sans cesse plus proches. La fusion de deux régions – m'a récemment confié le président d'une d'entre elles – exigerait au minimum six années ; aussi aurons-nous réalisé ce travail complexe en un temps record. La nouvelle organisation permettra de libérer les énergies en mutualisant les moyens – source d'économies importantes – et en décentralisant nos activités pour redonner l'initiative aux unités opérationnelles. Voilà notre projet d'entreprise.

L'audience de nos chaînes connaît en effet un vieillissement, mais celui-ci apparaît moins rapide que chez nos concurrents, notamment privés. Si l'âge moyen de nos téléspectateurs est plus élevé, il n'a augmenté, sur les quatre dernières années, que de deux ans alors que les autres chaînes en ont gagné trois ou quatre. Ce problème touche tous les médias traditionnels ; ainsi l'âge moyen des lecteurs de presse écrite et des auditeurs de radio est-il très élevé. Le rajeunissement du public de France 4 grâce aux programmes pour enfants en journée et aux émissions pour jeunes adultes en soirée constitue une façon de répondre à ce phénomène. La chaîne n'existe que depuis mars 2014 et nous tâtonnons encore pour trouver la meilleure façon de nous adresser à ces jeunes publics et de les faire participer.

France Ô n'est pas la chaîne de la diversité, celle-ci devant traverser nos antennes tant dans le traitement des sujets que dans le profil des personnes présentes. Le rôle que lui assigne le COM est celui d'une chaîne ancrée dans les territoires ultramarins et ouverte sur le monde. Nous essayons de nous conformer au mieux à cette consigne, avec un budget qui apparaît faible pour une chaîne dont l'audience est équivalente à celle d'autres chaînes de la TNT, telles que 6ter du groupe M6 – qui totalise 0,5 ou 0,6 % de part d'audience – et supérieur à celle de Numéro 23 ou de L'Équipe 21. De plus, l'audience de France Ô se distingue par sa jeunesse et atteint, pour certaines émissions, 1 à 2 %. Dans un univers audiovisuel totalement éclaté, si France Télévisions veut continuer à jouer son rôle – conforter le lien social, diffuser la création et promouvoir ses valeurs –, elle doit le décliner le plus largement possible.

Madame Olivier, la question de la violence faite aux femmes revêt pour nous une grande importance. Il y a quelques mois, nous y avons consacré une semaine avec un film – C'est pas de l'amour – suivi d'un débat, une série de documentaires et l'ouverture d'une plateforme numérique proposant aux femmes de s'exprimer. Nous avons recueilli des centaines de témoignages bouleversants qui ont donné lieu à un livre. Quant à la prostitution, nous devrons traiter cette question à nouveau, probablement en diversifiant les points de vue, même si je ne partage pas votre regard sur le documentaire que vous avez évoqué, qui m'apparaît relativement équilibré et libre de parti pris.

Madame Attard, le choix de diffuser ou non un film appartient aux antennes, cette indépendance – dont je me porte garant devant vous – constituant une valeur essentielle du service public, gage de la confiance de nos concitoyens. Nous avons décidé de ne pas choisir le documentaire que vous évoquez, comme des centaines d'autres.

La publicité destinée aux enfants est aujourd'hui autorisée, mais si le législateur choisissait de faire évoluer la loi, nous respecterions cette décision. Sur nos chaînes, les messages publicitaires – d'ailleurs pas très nombreux – ne sont jamais diffusés à l'intérieur de programmes pour enfants, mais uniquement en bordure.

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