Intervention de Barbara Pompili

Réunion du 25 novembre 2014 à 17h30
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaBarbara Pompili :

L'exécution du COM 2013 appelle plusieurs remarques en lien avec l'actualité. Cette audition, tout comme les négociations à venir du prochain contrat d'objectifs et de moyens, sont l'occasion de réaffirmer nos attentes envers le service public de l'audiovisuel. Disposer d'un bilan précis de l'exécution du COM permettra de tirer les conclusions des réussites et des faiblesses de France Télévisions pour envisager les inflexions à imprimer à la trajectoire du groupe ; c'est pourquoi le groupe écologiste attend avec impatience les rapports du CSA et de M. Marc Schwartz, et accorde une grande importance aux moments d'échange comme celui-ci.

Je souhaite à nouveau insister sur la situation sociale au sein de France Télévisions. Les fermetures de services, la polyvalence, l'absence d'informations claires sur les évolutions à venir, la sous-utilisation du personnel et le manque de communication interne nourrissent le malaise des salariés. La détérioration des conditions de travail est dénoncée depuis plusieurs années – et pas uniquement à France 3 – et on ne peut continuer à éluder la question des emplois précaires et de la « permittence ». En effet, derrière les objectifs chiffrés et les contraintes financières, il y a les salariés, et il est impossible d'évoquer l'avenir du groupe sans s'intéresser de près aux conditions de travail. La création de l'entreprise unique s'est déjà accompagnée de douloureuses restructurations ; or l'humain ne peut en aucun cas devenir la variable d'ajustement.

Cela ne veut pas dire que la situation financière du groupe n'est pas préoccupante, notamment du fait de la diminution des dotations budgétaires de l'État. Vous connaissez notre opposition à l'invasion de la publicité ; d'autres solutions existent, telles que la redevance – dont nous avons soutenu l'augmentation dans le cadre du projet de loi de finances pour 2015.

Il est nécessaire de mieux marquer les identités des chaînes du groupe. Vous soulignez dans votre rapport d'exécution que l'objectif de volume de diffusion régionale, fixé à 17 000 heures, est dépassé ; c'est une bonne chose, mais cette appréciation comptable ne suffit pas. Attachés aux identités locales, les écologistes estiment que France 3 ne doit pas se résumer à une chaîne nationale à décrochages régionaux, mais doit devenir la chaîne des territoires. Les arbitrages financiers ne sauraient se faire au détriment de l'offre de proximité. Nous ne sommes pas les seuls à porter cette analyse : le rapport de Stéphane Travert comme celui d'Anne Brucy sont très clairs sur cette question et nous souhaiterions que leurs préconisations se traduisent concrètement dans les faits. À ce propos, la réforme territoriale ne doit pas devenir une occasion de plus pour éloigner les antennes régionales du local. Ainsi, il faut maintenir l'antenne picarde qui a su développer cette dimension au-delà du seul journal télévisé.

Que pensez-vous de la piste – souvent évoquée – d'une chaîne d'information publique en continu ? Faut-il développer des offres numériques communes aux différentes chaînes de télévision et de radio du service public ?

Pour en revenir à la question de l'identité des chaînes, celle de France 4 nécessite encore d'être affinée, au risque de passer à côté de son public. Quant à France Ô, elle ne doit pas porter à elle seule la représentation de la diversité au sein du groupe – objectif capital pour un service public. Il faut mener une véritable réflexion sur cet enjeu, d'autant que le rapport d'exécution du COM 2013 indique que le reflet de la diversité est en baisse.

En matière d'accessibilité des programmes, la progression est réelle et bienvenue, mais il faut aller bien plus loin, notamment dans les objectifs à atteindre, et accompagner cette volonté de moyens. Les personnes malentendantes, sourdes, malvoyantes ou aveugles doivent disposer d'autant de choix que n'importe quel autre téléspectateur. La légère progression du taux d'emploi des personnes handicapées reste également insuffisante ; faut-il rappeler que l'obligation légale est de 6 % et non de 4,45 % ? De même, comme l'a noté Michel Pouzol, la marge de progression est grande pour la place des femmes et leur visibilité. Le service public doit être exemplaire sur ces questions ; le Haut Conseil à l'égalité entre les femmes et les hommes propose d'ailleurs, dans son rapport d'octobre dernier, de conditionner les financements publics à de réels engagements en faveur de l'égalité des sexes. Comment comptez-vous agir concrètement ?

Des efforts importants restent à réaliser en matière de diffusion des programmes culturels. Il faut s'interroger sur les horaires de diffusion, mais également revoir l'offre en théâtre, ballet, documentaire ou opéra. De même, il faudrait renforcer encore l'offre de programmes en langues étrangères et le sous-titrage. J'ai bien noté les efforts faits pour développer le service multilingue ; où en êtes-vous à ce jour ?

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