Intervention de Laurent Grandin

Réunion du 15 octobre 2014 à 9h00
Commission des affaires économiques

Laurent Grandin, vice-président d'Interfel :

La filière des fruits et légumes partage l'analyse du CNIEL sur la question des conséquences économiques des crises politiques et sur le niveau insuffisant des prix de retrait. Le marché russe représente l'un des premiers débouchés de la filière européenne des fruits et légumes qui y exporte 2,5 millions de tonnes. La France – dont les 50 000 tonnes représentent une part relativement modeste quoique non négligeable de ses exportations vers les pays tiers – souffre également de l'effet boomerang via le marché communautaire.

Certaines productions fruitières connaissent en France une baisse significative depuis les dix ou vingt dernières années : celle des pommes a diminué de près de 700 000 tonnes, celle des nectarines a fondu de moitié. En même temps, Lérida qui ne produisait pas de pêches et nectarines il y a vingt ans en produit désormais 400 000 tonnes, soit plus que la totalité de la production française. Cela donne une idée de l'écart de compétitivité entre nos filières. La consommation restant globalement stable, la diminution de la production nationale a été remplacée par les produits importés dont la part a crû de 50 % durant les dix ou douze dernières années.

S'agissant de la nécessité d'harmoniser les coûts de production dans l'UE, notre filière repose sur un modèle particulier et nécessite à ce titre des solutions spécifiques, mais tout ce qui concourt à la diminution des écarts de compétitivité concourra à freiner la disparition de la production nationale dans des exploitations consommatrices de beaucoup de main-d'oeuvre. Les distorsions dans les pratiques sanitaires des différents pays représentent également un élément important.

Le fait que la perte de 50 000 tonnes d'exportations suffit à précipiter la filière dans la crise en montre l'extrême fragilité. Quelles solutions peut-on lui proposer au-delà du problème conjoncturel de l'embargo ? En dehors des efforts de réduction des écarts de compétitivité avec les pays environnants – l'Allemagne et l'Espagne –, deux axes majeurs doivent être privilégiés. Tout d'abord, la recherche qui seule peut nous permettre de sortir de la crise par le haut en préservant notre modèle social. Moins compétitifs en termes de coûts, nous devons développer une production de meilleure qualité, plus en adéquation avec les attentes de la société. Cela demande de renforcer les moyens du CTIFL. Aujourd'hui il se trouve au milieu du gué puisqu'on lui a demandé d'abandonner la TFA pour passer à la contribution volontaire obligatoire (CVO) – mécanisme forcément long à instaurer au sein d'une interprofession longue aux huit familles.

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