Intervention de édith Archambault

Réunion du 16 octobre 2014 à 9h00
Commission d'enquête chargée d'étudier les difficultés du monde associatif dans la période de crise actuelle, de proposeer des réponses concrètes et d'avenir pour que les associations puissent assurer leurs missions, maintenir et développer les emplois liés à leurs activités, rayonner dans la vie locale et citoyenne et conforter le

édith Archambault, universitaire :

La large publication des statistiques sur le bénévolat est importante. Je me suis étonnée qu'au cours des travaux de la commission Stiglitz, qui s'est intéressée au bien-être, il n'ait jamais été question du bénévolat. Et l'on note la même lacune dans la loi relative à l'économie sociale et solidaire.

Le passage de dix-huit à seize ans me paraît une très bonne idée. Les jeunes qui adhèrent à des associations sont dépourvus de responsabilités et sont voués à des tâches élémentaires alors qu'ils ont des idées. Les statistiques nous montrent qu'ils prennent des responsabilités dans des associations qu'ils ont créées eux-mêmes avec une façon de les administrer complètement différente des normes traditionnelles, avec par exemple une rotation régulière des présidences, l'organisation de réunions par internet.

On prend trop peu en compte les activités bénévoles dans le parcours professionnel et les jurys qui décernent la validation des acquis de l'expérience ont un point de vue strictement académique : ils valorisent essentiellement les connaissances au détriment du « savoir-être » et du savoir-faire acquis dans le bénévolat, qui sont des qualités essentielles dans la vie professionnelle.

Des « testings » ont été réalisés par l'université Paris XII consistant à envoyer des curriculum vitae mentionnant les activités bénévoles et d'autres ne les indiquant pas. Pour un emploi dans le secteur informatique, l'engagement associatif est considéré négativement car jugé comme une perte de temps ; en revanche, le bénévolat, du fait de son caractère relationnel, est considéré positivement par le secteur bancaire. Il convient d'approfondir ce type de recherche.

Il importera par ailleurs de réfléchir aux conséquences de la suppression de la clause de compétence générale : les points de vue sur ce sujet sont différents, mais cette clause est une source de complexité et n'est de surcroît pas rationnelle.

La question du bénévolat dirigeant est déjà en partie résolue puisqu'on a le droit de rémunérer, dans un conseil d'administration, un dirigeant opérationnel, dans des limites déterminées. Cependant, dans les associations d'une taille conséquente, ce qui est essentiel est surtout le bon fonctionnement du « couple » dirigeant, à savoir le président et le directeur général. Si le bénévolat doit rester une condition pour l'ensemble du conseil d'administration, les exceptions à cette règle doivent être contrôlées et affichées, notamment pour les associations qui font appel à la générosité publique. Or, les associations sont réticentes à publier leurs trois ou cinq plus hauts salaires, alors que les entreprises le font sans difficulté. Un certain rapport à l'argent n'est pas encore réglé dans les associations.

Le projet communautaire évoqué par M. Thierry pourrait justement être inclus dans l'aménagement du temps scolaire : au-delà d'activités permettant l'enrichissement personnel, des activités collectives sont nécessaires. Nos enfants et petits-enfants qui passent tant de temps derrière l'écran de leur ordinateur manquent de supports collectifs ; nous devons donc trouver des équivalents de l'éducation populaire d'autrefois qui impliqueront nécessairement l'usage des nouvelles technologies. Il revient à la nouvelle génération de les inventer et à nous de les y aider.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion