Intervention de Hugues de Jouvenel

Réunion du 6 octobre 2014 à 16h00
Mission d'information sur la candidature de la france à l'exposition universelle de 2025

Hugues de Jouvenel, président de Futuribles :

Nous venons justement de publier une évaluation des effets d'entraînement, à court, moyen et long terme, de l'organisation de grandes manifestations culturelles, comparée à celle de grandes manifestations sportives. Il en ressort que les derniers jeux Olympiques n'ont pas du tout produit l'effet escompté. Celui-ci est inégal selon les pays d'accueil : Londres a plutôt profité de l'événement, à la différence d'autres villes où les lendemains de fête n'ont pas été faciles.

J'ai eu la chance de me livrer à un exercice de prospective sur Barcelone et la Catalogne dans les années 1980, lorsque la capitale catalane avait été retenue pour organiser les Jeux olympiques. La question posée était la suivante : quels investissements auraient un effet démultiplicateur positif à plus long terme sur le développement de la région ?

À la lumière de ces différents travaux, s'il fallait choisir entre l'organisation d'un grand événement sportif et celle d'un grand événement culturel, je pencherais pour la seconde. Une autre étude récente sur l'effet d'entraînement des capitales européennes de la culture montre que, pour un investissement moindre, le retour sur investissement est bien plus intéressant que celui des jeux Olympiques.

Pour ce qui est de « couler du béton », ce n'est peut-être pas nécessaire mais, assurément, le virtuel ne suffira pas. Le projet d'exposition universelle inclut un vaste débat préalable, une sorte de forum planétaire, sur Internet et sur les réseaux sociaux. Si l'idée est excellente, il faut aussi montrer des réalités pour attirer le public. Nous avons un retard considérable à rattraper dans la numérisation du Louvre, de Versailles, de notre capital culturel, intellectuel, naturel ; mais nous devons également, même sans modifier le bâti, améliorer la synergie entre les personnes, l'attractivité de notre pays, le sens de l'accueil. La France se targue volontiers d'être la première destination touristique au monde ; dans ce chiffre, il convient de faire la part des touristes en transit et des dépenses qui sont faites sur notre territoire. En revanche, nous avons la chance d'avoir encore des infrastructures à certains égards extraordinairement modernes, comparées par exemple à celles des États-Unis.

Tout ne va pas mal en France. Le problème, c'est notre sentiment un peu confus de mal-être, lié sans doute à notre impression de no future – on ne sait pas où on va – et à la défiance envers les élites, qui n'ont pas l'air de savoir davantage où elles veulent aller. Voilà pourquoi, si la tentative est salutaire, le pari est osé.

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